L’avenir des sages-femmes libérales et hospitalières tourné vers la …mobilité

Qu’elles soient hospitalières ou libérales, les sages-femmes dénoncent depuis des mois leur condition de travail et plus généralement la dégradation de la périnatalité en France. Cette situation conduit à des expérimentations en tout genre, dessinant un avenir plus qu’hypothétique pour la profession.

Des fermetures de maternité dégradent la santé des parturientes pour les sages-femmes

Les sages-femmes libérales et hospitalières sont vent debout contre le dernier rapport, publié début mars, par l’Académie nationale de médecine « Planification d’une politique en matière de périnatalité en France ». Alors que les maïeuticiennes s’alarment et alertent les autorités publiques de la dégradation de la périnatalité en France, elles regrettent qu’une nouvelle fois, les auteurs de ce rapport plaident pour la fermeture de « petites maternités », jugées trop dangereuses pour les femmes et leurs enfants. Les acteurs concernés dénoncent que depuis des décennies les seuils de déclenchement pour les fermetures de ces maternités ne cessent d’augmenter, passant de 300 à 500 puis à 1.000 accouchements par an aujourd’hui.  Pas moins de 111 maternités seraient concernées aujourd’hui par d’éventuelles fermetures ou d’hypothétiques regroupements. Pourtant, l’Académie Nationale de médecine juge « illusoire de soutenir » ces maternités.

Même si le nombre de sages-femmes libérales a augmenté sur presque tous les territoires de l’Hexagone, ces professionnelles de santé ne peuvent pas pallier au désengagement de l’hôpital public de certains territoires ruraux. Ces fermetures de maternités, aggravées de l’effondrement du nombre de médecins gynécologues a même conduit, selon certains, à une dégradation de la prise en charge des femmes ces dernières années. Ainsi, entre 1997 et 2019, le nombre de femmes situées à plus de 45 minutes d’une maternité a plus que doubler. Celui des femmes à 30 minutes d’une maternité a explosé, quant à lui de plus de 2 millions.

Comment les sages-femmes peuvent lutter contre la dégradation de l’accès aux soins des femmes ?

Ce constat a également été dressé, en octobre 2021, par le rapport sénatorial de la délégation aux droits des femmes : Femmes et ruralités : en finir avec les zones blanches de l’égalité. Selon ce dernier, une femme sur trois en France (soit 11 millions de femmes résidant en zone rurale) a vu son accès aux soins se dégrader. Et les perspectives d’évolution ne laissent guère de place à l’optimisme. L’Hôpital public déserte les zones les plus reculées. Les sages-femmes libérales ont besoin de structures de périnatalité à proximité de leur zone d’exercice. Comment dans ces conditions assurer le suivi de grossesse et le suivi gynécologique de ces femmes trop éloignées de ces grands centres hospitaliers ?

Parmi les propositions formulées, les sénateurs évoquaient l’attrait des unités mobiles pour aller à la rencontre des patientes. C’est ce qu’expérimente depuis septembre 2022, le CHU de Clermont Ferrand. L’organisation et le fonctionnement du bus obstétrical auvergnat est largement décrit par les journalistes du Monde (15/03/2023) qui ont donné la parole au docteur Anne Debost-Legrand :

« L’éloignement à plus de 30 minutes de voiture d’une structure ou d’un professionnel de santé habilité à suivre une grossesse complique l’accès à un suivi adapté et régulier, empêchant la prévention de certaines complications, d’autant plus si la grossesse nécessite un suivi plus médicalisé »

Cette expérimentation au nom prometteur d’Opti’Soins assure pour les parturientes un accompagnement et un suivi « quasiment à domicile » selon certaines d’entre-elles. Elle mobilise aussi un certain nombre de sages-femmes et d’autres professionnels de santé, qui pourraient, en ces temps de pénurie de personnel soignant, faire défaut au sein même de leurs structures. En imaginant généraliser ce type d’expérimentation, ne valide-t-on pas alors la logique conduisant aux fermetures de maternités, évoquées ci-dessus ? Des fermetures, qui pourraient aggraver la situation et conduire à la multiplication de ces « petites maternités sur roue ». 

Comment jugez-vous la politique française en matière de fermeture des maternités en France depuis plusieurs décennies ? Et que pensez-vous de ces expérimentations visant à aller au-devant des parturientes ?