L’avenir sombre de la profession de sage-femme

Depuis des mois, les sages-femmes libérales et hospitalières dénoncent une situation qu’elles qualifient de catastrophique et dangereuse. Et des éléments font émerger de nouvelles menaces pour les années à venir. Un avenir bien noir pour les sages-femmes …

2022 restera marquée comme une année noire pour les sages-femmes libérales et hospitalières.  Les maternités peinent depuis des mois à recruter de nouvelles professionnelles maïeuticiennes, alors que la démographie des sages-femmes libérales interrogent et fait peser de lourdes craintes sur l’avenir. Certes, le ministère de la santé a déjà pris des mesures pour revaloriser la profession, tant au moment du Ségur de la Santé (été 2020) qu’en cette année 2022, au cours de laquelle la formation des sages-femmes a fait l’objet d’une évolution attendue depuis longtemps. Les sages-femmes libérales et hospitalières multiplient aujourd’hui leur mobilisation afin de s’assurer de l’avenir de leur profession, à un moment où plusieurs rapports dénoncent la dégradation de la périnatalité en France.

La situation apparait donc bien comme complexe et difficile pour la profession, et certains éléments ne prêtent guère à l’optimisme pour les années à venir. En effet, alors que le ministère de la santé a formulé son ambition de vouloir former plus de sages-femmes dans les prochaines années, cette volonté se révèle de plus en plus difficilement atteignable au vu de la baisse des vocations.

De moins en moins d’étudiantes sages-femmes, une menace pour les années à venir

Le constat est sans appel. En 2022, 20 % des places des étudiantes sages-femmes en 2nde année sont vacantes. 872 étudiantes et étudiants se préparent donc à l’obtention de leur diplôme, alors que l’objectif avait été fixée à 1068. Cette désaffection des étudiantes et des étudiants pour la filière aura inéluctablement des conséquences pour les prochaines années. La situation, déjà qualifiée de dangereuse par certains, ne devrait donc pas s’arranger rapidement.

Cette situation a alerté toute la profession, et le 13 octobre dernier, le conseil national de l’Ordre des sages-femmes, le collège national des sages-femmes de France, l’association nationale des étudiants sages-femmes et la conférence nationale des enseignants en maïeutique se sont réunis pour publier un communiqué de presse mettant en garde les autorités publiques. Ils s’inquiètent de la « crise profonde d’attractivité que traverse la profession de sage-femme et, par ricochet, la formation initiale ». Comme l’explique le communiqué, ce constat est un terrible aveu d’échec et d’impuissance pour les autorités publiques. Ces dernières avaient pris l’engagement d’accroitre la capacité d’accueil pour les études de maïeutique pour faire face aux prévisions liées aux évolutions démographiques à venir. En d’autres termes, ce manque d’étudiantes en 2022 conduira naturellement à une baisse du nombre de sages-femmes dans les prochaines années.

Une réaction urgente attendue pour faire face à une crise déjà annoncée

Les explications de cette pénurie d’étudiantes et d’étudiants sont aussi nombreuses que variées. Cependant deux raisons majeures reviennent régulièrement à la lecture des nombreux documents d’enquête, publiés sur le sujet :

  • La réforme des études de santé, ayant substitué les parcours PASS/LAS à l’ancienne PACES
  • Le manque d’attractivité de la profession de sages-femmes tant à l’hôpital qu’en libéral,

Pour le président du collège national des sages-femmes de France, M Adrien Gantois, cette situation s’est détériorée depuis quelques années avec « le contexte post-Covid: les filières de santé souffrent d’une vision assez négative, avec un rythme difficile, des gardes et des salaires parfois insuffisants à l’hôpital. » Il apparait donc urgentissime de réagir, sans attendre les éventuelles propositions du CNR Santé. Pour les auteurs du communiqué de presse, des décisions doivent être prises dans les prochains jours sans perdre une minute. M Adrien Gantois tore la sonnette d’alarme en expliquant les conséquences d’une inaction : « À continuer ainsi, nous allons voir de nouvelles maternités fermer, avoir de moins bonnes conditions de soins… Il y a une méconnaissance du métier et une vision erronée. Il faut faire une cure d’attractivité ». Il reste à savoir si cet appel à l’aide sera entendu et quand ?

Et vous, craignez-vous aussi une crise encore plus grave de la profession dans les années à venir ? Que faudrait-il décider, selon vous, pour rendre la profession et donc les vocations plus attrayantes ?