En reconnaissant que l’augmentation du nombre de sages-femmes dans les 30 prochaines années ne seraient pas à l’origine de surdensité, le rapport de la DREES valide, sans l’exprimer, le constat de la pénurie de maïeuticiennes aujourd’hui. Mais les résultats de cette étude mettent aussi en avant d’autres aspects de l’avenir de la profession.
La situation des sages-femmes en France en 2021 étudiée à la loupe
Parmi les revendications les plus fréquentes des sages-femmes libérales et hospitalières, le manque d’effectif reste une de celles revenant le plus souvent sur le devant de la scène. C’est précisément ce sujet, sur lequel s’est penchée la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) en publiant une vaste étude, le 26 mars dernier, et consacré à la démographie des professions de santé, dont les maïeuticiennes. L’étude a été réalisée pour éclairer les débats de la Conférence Nationale de la Santé, chargée notamment de déterminer les besoins en offre de formations pour ces professionnels. Bien que le numerus clausus est officiellement supprimé depuis la rentrée universitaire de septembre 2020, les autorités sanitaires ont toujours besoin de se projeter pour anticiper les réponses à apporter aux besoins de santé des années à venir. Dans son rapport « Quelle démographie récente et à venir pour les professions médicales et pharmaceutique ? », la DREES nous dresse la situation actuelle des sages-femmes en France et se projette à l’horizon 2050.
On compte en France, au 1er janvier 2021, 23397 sages-femmes, et la DREES souligne la féminisation (97 %) et la jeunesse de la profession (moyenne d’âge 41 ans) avant de souligner, que le nombre de maïeuticiennes a fortement progressé principalement entre 2012 et 2017 (avec une moyenne de 3 % de hausse chaque année). Bien que l’exercice hospitalier reste majoritaire dans la profession, le nombre de sages-femmes libérales (ou en activité mixte) ne cesse d’augmenter depuis 2012. En 2021, 34 % des sages-femmes exercent une activité libérale (contre seulement 20 % en 2012).
L’augmentation du nombre de sages-femmes s’explique en partie par l’augmentation du numerus clausus depuis le début des années 2000 (environ 1.000 places par an contre une moyenne de 700 entre 1977 et 2000).
Quel avenir pour la profession de sages-femmes en 2050 ?
C’est sur la base de cet état des lieux, que la DREES a modélisé le nombre de sages-femmes à l’horizon 2050. La croissance des effectifs est supposée comme forte dans les années à venir avec une estimation de 26.200 sages-femmes en 2030 et un pic de 29.400 en 2048, date à partir de laquelle les effectifs devraient, selon ces prévisions, commencer à légèrement reculer. Si l’augmentation du nombre de sages-femmes sur la période (2020-2050), soit +27 %, est bien supérieure à la croissance démographique de la France, la DREES estime cependant que cette hausse permettrait de répondre convenablement aux demandes de soins. En d’autres termes, la densité de sages-femmes en 2050 serait donc en adéquation avec les besoins des femmes françaises, ce qui sous-entend que la densité actuelle est bien trop faible par rapport à ces mêmes besoins.
Dans le même temps, la DREES souligne une autre tendance lourde dans l’évolution de la profession. Ainsi, si les sages-femmes hospitalières voyaient leurs effectifs n’augmenter que de 1 % sur les 3 prochaines décennies, on connaitrait une augmentation de plus de 70 % du nombre de sages-femmes libérales. La tendance actuelle se renforcerait, faisant de l’exercice libéral une voie de plus en plus suivie.
Alors que l’augmentation du nombre de sages-femmes permettra, selon l’étude, d’améliorer la prise en charge des parturientes, les auteurs ne partagent pas cet optimisme pour toutes les professions étudiées (médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes). La désertification médicale est ainsi appelée à s’intensifier pendant une petite dizaine d’années, alors que le rapport souligne les difficultés à venir pour faire concilier demandes de soins médicaux et offre de soins. C’est donc un avenir plus apaisé que la DREES prédit pour la profession de sages-femmes, qui devront néanmoins attendre quelques années avant de connaitre un effectif suffisant pour faire face à toutes les demandes.
Et vous, quel est votre avis sur l’avenir de la profession ? Comprenez-vous la transformation de l’exercice professionnel, avec cette hausse conséquente des sages-femmes libérales ?