Nouvel affront pour les sages-femmes ? Maltraitance ou acharnement ?

Les sujets de discorde se multiplient depuis plusieurs semaines et même plusieurs mois entre les sages-femmes d’une part et les autorités publiques d’autre part. Après avoir dû batailler pour faire reconnaitre leurs compétences en matière de vaccination, les sages-femmes n’arrivent pas à se faire entendre pour prendre soin des femmes enceintes.

Les sages-femmes autorisées à vacciner mais cela reste insuffisant

Inutile de revenir sur le débat véhément, qui a mobilisé toutes les professions de santé autour de la campagne de vaccination. Les sages-femmes sont autorisées et appelées à la mobilisation générale depuis le début de cette vaste opération. Si la grande majorité de ces professionnelles de santé se sont déjà mobilisées en ce sens, elles sont toutes aussi nombreuses à souligner les lacunes de celle-ci, notamment en ce qui concerne leurs parturientes. C’est dans ce sens que l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) a publié un communiqué de presse pour dénoncer la situation, le 17 mai dernier. Est-ce par manque de poids de la profession dans les instances représentatives au sein du ministère de la Santé ou pour une autre raison, toujours est-il que le message porté par les maïeuticiennes reste à ce jour sans réponse de la part des autorités sanitaires.

Le ton est donné dès les premières lignes puisque l’ONSF commence en déclarant : « Les sages-femmes sont inquiètes pour la santé des femmes enceintes ». Pour ces professionnelles, qu’elles soient sages-femmes libérales ou hospitalières, ce danger n’est même pas mesurable ni quantifiable, dans la mesure où aucune donnée chiffrée n’est actuellement disponible. En constatant que « Santé Publique France ne semble pas avoir inclus la grossesse dans ses critères d’analyse », le communiqué souligne une lacune du dispositif et explique ne se baser que sur les remontées, adressées par les professionnelles elles-mêmes.

Une profession mobilisée pour la santé des femmes enceintes

Au quotidien, dans les cabinets comme à l’hôpital, les sages-femmes participent grandement à la sensibilisation de leurs parturientes à l’importance de la vaccination. Pourtant, bien qu’elles soient des professionnelles de santé reconnues, elles sont encore contraintes de devoir réorienter ces femmes vers des centres de vaccination. Combien de ces femmes renoncent à la vaccination, faute de place trouvée dans ces centres ou par crainte tout simplement ? « L’ONSSF participe aux réunions « vaccination Covid » du vendredi organisées par le Ministère de la Santé », rappelle le communiqué.

Depuis des semaines, la problématique est connue donc, et les sages-femmes demandent « l’orientation du vaccin Moderna en ville avec un fléchage particulier pour les sages-femmes ». Cela permettrait à ces maïeuticiennes de pouvoir vacciner directement leurs patientes, qui restent, faut-il le rappeler, prioritaires. Et pourtant, alors que le ministère de la Santé souligne l’amplification du plan vaccination, aucune décision n’a encore été prise en ce sens. Pour la profession, c’est une nouvelle preuve de mépris, puisque depuis cette semaine, les pharmaciens comme les médecins peuvent commander le vaccin Moderna. Pourquoi en serait-il différemment des sages-femmes ?

Les sages-femmes, victimes de maltraitance institutionnelle ?

Pourtant, la profession s’est déjà mobilisée pour faire reconnaitre ses compétences en matière de vaccination, et depuis le 28 avril dernier, les sages-femmes peuvent prescrire le vaccin à toute la population et non plus seulement à leurs patientes et leur entourage. Mais pour les femmes enceintes, à quoi bon prescrire cette vaccination, si ces dernières sont ensuite empêchées, pour une raison ou une autre, de se faire vacciner.

Non seulement, les sages-femmes demandent donc l’autorisation de pouvoir elles-aussi vacciner directement dans leur cabinet, mais elles souhaitent également obtenir les statistiques concernant le nombre de cas de femmes enceintes atteintes par la Covid-19 ainsi que le taux de vaccination de cette population à risque.

C’est un nouveau combat donc pour une profession, qui se considère comme malmenée.

« Les sages-femmes sont fatiguées de devoir inlassablement justifier de leurs compétences et de leur capacité d’engagement dans le champ de la Santé Publique. La crise sanitaire aura majoré cette maltraitance institutionnelle. »

Et vous, vous considérez-vous victimes de cette maltraitance institutionnelle ? Pensez-vous que la profession sera enfin entendue ? Pensez-vous que ces multiples oppositions entre la profession et le ministère de la santé depuis le début de la crise laissera des traces durables ?