2021 : le rendez-vous manqué des sages-femmes

Après des mois de mobilisation et de revendication, les sages-femmes ont appris, ce 16 septembre, que le ministère de la santé ne comptait pas changer de stratégie ni même revoir le statut de la profession. Une véritable douche froide, qui a du mal à passer !

Des sages-femmes en colère mobilisées en attente d’une reconnaissance

Depuis des mois, les sages-femmes sont en colère et le font savoir. Les sages-femmes libérales rejoignent leurs consœurs hospitalières. Ces dernières ont multiplié les mobilisations depuis le début de l’année, rappelant comment elles se sont senties exclues du Ségur de la Santé et donc méprisées de la part du gouvernement. Cette mobilisation semblait porter ses fruits, puisque le ministère de la Santé avait même commandé un rapport auprès de l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) sur le sujet. 5 mobilisations nationales depuis le début de l’année 2021, les sages-femmes voulaient croire à la portée de leur action. Pourtant, ce jeudi 16 septembre 2021, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la santé, a marqué la fin de cet optimisme.

Il faut dire, que les espoirs des sages-femmes s’étaient déjà contractés lors de la publication, au début du mois de septembre, de ce fameux rapport de l’IGAS : L’évolution de la profession de sage-femme. L’étude détaillée de ce rapport, annoncé au départ pour le début de l’été, pourrait faire à elle seule l’objet d’un billet, mais tel n’est pas notre propos aujourd’hui.  En revanche, force est de constater que cette publication n’a pas calmé ni apaisé, bien au contraire, les colères exprimées par les sages-femmes depuis des mois voire des années.

Un mépris affiché vis-à-vis des sages-femmes ? La coupe est pleine

C’est ce qu’a exprimé Marianne Benoit Truong Cahn, vice-présidente du Conseil national de l’ordre des sages-femmes (CNOSF) aux journalistes du Monde. Alors que la profession attendait ce rapport depuis « 10 ans » selon elle, elle s’est déclarée « consternée » sur la forme même de ce rapport.

« J’ai l’impression d’être en 1940. Il y a tout un paragraphe sur la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. On est constamment traitées comme des enfants ou des femmes au foyer. »

Bien évidemment, la vice-présidente du CNOSF ne décolère pas après ce qu’elle considère être l’ultime humiliation faite à la profession. Et toutes les sages-femmes peuvent s’indigner, en lisant à la page 88 de ce rapport, le peu de cas qui leur est fait : » les gynécologues représentent l’autorité médicale, intellectuelle et morale, construisent les connaissances sur la grossesse et les accouchements et définissent les principes de fonctionnement dans les maternités. ». Sexisme, mépris, ridicule, insoutenable, … les propos ne manquent pas pour contester cette formulation, relayant les sages-femmes à un rôle subalterne, qui n’est pas le leur. Et les sages-femmes n’entendent pas accepter une telle remise en cause, refusant d’être « aux ordres » des gynécologues obstétriciens et encore moins sous leur autorité « intellectuelle et morale ».  L’une des principales revendications des sages-femmes n’était-elle pas justement la reconnaissance de leur statut médical, pourtant déjà inscrit dans la loi.

Le ministre de la Santé officialise cette vision de la profession de sage-femme

Devant l’émoi et les réactions, provoquées par la publication de ce rapport, Olivier Véran a reçu jeudi 16 septembre les sages-femmes. Il a certes accordé une prime et une revalorisation salariale aux sages-femmes hospitalières, mais s’est opposé à une refonte de leur statut, privilégiant de « conforter leur statut médical au sein de la fonction publique hospitalière ». Et ces revalorisations devaient en être la preuve.

En voulant mettre un terme à ces revendications et à ce malaise croissant, le ministère de la santé n’a pas réussi à tranquilliser une profession, qui a immédiatement réagi à travers la publication d’un communiqué de presse. On peut lire dans cette réaction du conseil national de l’ordre des sages-femmes :

« En ne traitant pas en profondeur les causes du malaise des sages-femmes, l’attractivité de la profession semble durablement compromise. En ignorant les problématiques croissantes d’effectifs dans les maternités, la question essentielle de la sécurité et de la qualité de la prise en charge des patientes et des nouveau-nés reste en suspens. »

Ce grand rendez-vous, qui devait permettre aux sages-femmes de voir leurs revendications aboutir, n’aura donc pas lieu …en 2021.

Et vous, avez-vous lu le rapport de l’IGAS ? Et que vous inspire-t-il ? Estimez-vous également que c’est la profession elle-même qui est en danger avec ces nouvelles orientations ?  

1 commentaire sur « 2021 : le rendez-vous manqué des sages-femmes »

  1. Ce gouvernement arrogant à l’image de leur chef de fil ne respecte rien ni personne . Ce n’est pas corporation après corporation qu’il faut revendiquer mais tous ensemble . Syndiquez vous et mettez la pression sur vos syndicats qui doivent s’allier sans réserve pour infléchir cette politique qui ne profite qu’au capital .

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