Depuis plusieurs mois, les sages-femmes sont en colère et le font savoir. Cependant, elles ne semblent pas être entendues, notamment en raison du regard de la société et des décideurs. Alors pour faire évoluer ce regard porté sur la profession, les initiatives se multiplient, et de l’action internationale au film-documentaire, ces initiatives parviendront-elles à changer la donne ?
Push for midwives, les sages-femmes se mobilisent au niveau mondial
On connait la situation particulière des sages-femmes françaises, dont les revendications entraînent depuis plusieurs mois de nombreuses mobilisations. Se considérant comme « maltraitées » et même « méprisées » tant du corps médical que des autorités publiques, les sages-femmes libérales ou hospitalières, exerçant dans l’Hexagone, peuvent néanmoins se féliciter qu’une grande partie de leurs revendications soit reprise par toutes leurs consœurs à travers le monde. C’est tout l’intérêt et l’objectif de la campagne Push for midwives, qui ambitionne de s’inscrire dans le temps long.
Les missions assignées à cette vaste opération internationale sont aussi nombreuses que variées :
- Une formation initiale et une formation continue de qualité à la hauteur de la responsabilité endossée par les maïeuticiennes
- Une amélioration des conditions de travail mais aussi de la rémunération de ces professionnelles de santé
- Acquérir l’autonomie professionnelle en voyant leurs compétences et leur savoir-faire reconnus de toutes et tous
- Disposer de financements nécessaires pour permettre la formation et l’exercice de qualité de ces professionnelles de santé.
Toutes les régions du monde ne sont pas concernées au même niveau, et Push for midwives le rappelle : seuls 22 % des pays à travers le monde disposent de suffisamment de sages-femmes pour couvrir tous les besoins des femmes et des nouveau-nés. L’opération de communication revendique ainsi un besoin de 900.000 nouvelles sages-femmes à travers le monde. Pour parvenir à ses fins, le collectif organisé autour de cette opération entend bien sensibiliser les politiques du monde entier, pour que la question devienne centrale dans les années à venir. Si la situation en France ne peut pas être comparée à celle d’autres pays en voie de développement, il n’empêche que les maïeuticiennes françaises se félicitent de pouvoir s’inscrire dans ce mouvement d’intérêt général.
Réussir à faire changer l’image des sages-femmes dans la société
Car en France comme à travers le monde, c’est principalement l’image des sages-femmes dans la société qui doit être changée. Les mobilisations en France des sages-femmes n’ont pas réussi, depuis ces derniers mois, de faire changer la vision des décideurs, alors que dans le même temps, la profession reste méconnue d’une grande partie du grand public. Et ce manque de reconnaissance constitue un des obstacles à la prise en compte des revendications de ces professionnelles. Alors si une campagne internationale peut aider en la matière, d’autres recherchent également d’autres voies pour se faire entendre. Ainsi, le 20 octobre prochain, la réalisatrice Aude Pépin proposera son documentaire « À la vie ». Dans les salles obscures, les spectateurs pourront ainsi découvrir une sage-femme libérale, Chantal Birman qui entend proposer une vision plus réaliste de son quotidien et de celui de ses consœurs, loin des clichés et des stéréotypes. En parlant de son métier, elle explique ainsi :
« C’est le curseur de la situation des femmes dans la société. C’est un métier avec beaucoup d’études, absolument pas reconnu, avec des responsabilités. »
Elle évoque l’accompagnement des femmes au quotidien bien évidemment, mais revient aussi sur la place du père, qui connait si peu la profession. Ces pères, Chantal Birman souligne leur profond désarroi :
« Il (Le père) se retrouve avec un bébé et avec une autre femme, à qui il est arrivé un tsunami. »
Évoquant tous les sujets sans artifice, la sage-femme souligne aussi ses craintes, à chaque élection, de voir le droit à l’avortement reculer, alors qu’il devrait être inscrit dans le marbre. Un témoignage fort donc, qui pourrait permettre de faire changer le regard que les Femmes et les Hommes portent sur ces maïeuticiennes. Encore faudrait-il qu’il soit vu par le plus grand nombre, et pas uniquement par celles et ceux, qui se sentent déjà concernés par la question.
Et vous, estimez-vous qu’un tel documentaire ou qu’une action internationale peut faire changer le regard de la population sur la profession ? Et celui des décideurs et du corps médical ? Quelles seraient selon vous les actions à entreprendre pour y parvenir ?