Comment se faire entendre quand on est sage-femme ?

C’est également en profitant des nouvelles formes de communication, que les sages-femmes se font aujourd’hui entendre. Sur les réseaux sociaux, à la télé ou à la radio, la profession essaie de faire connaître leur quotidien. En la matière, Anna Roy occupe une place à part sans pour autant se poser en tant que représentante de toute la profession.

Informer et accompagner les parents, la vocation d’une sage-femme libérale en 2022

Au-delà des nombreuses revendications que les sages-femmes libérales font régulièrement entendre pour faire évoluer leur profession, certaines maïeuticiennes profitent de leur médiatisation pour mettre en avant leur rôle et leur mission. Ainsi en est-il d’Anna Roy, sage-femme libérale et chroniqueuse pour la télévision (France 5) et la radio (Europe 1) . C’est elle, qui avait initié le vaste mouvement de protestation à la fin de l’année 2020 en lançant l’hashtag #jesuismaltraitante. S’appuyant sur sa médiatisation, la sage-femme souhaitait ainsi faire connaître les problèmes récurrents rencontrés par les professionnelles en France tout en fédérant ces colères pour « enfin se faire entendre ». En cette rentrée de septembre, elle a décidé de répondre aux questions des femmes enceintes en publiant « C’est ma grossesse », l’occasion de poursuivre et d’amplifier sa mission d’information et de sensibilisation.

C’est l’occasion pour l’auteure d’alerter également les autres professionnels de santé et les autorités publiques sur la situation en 2022. Certes, elle admet des avancées depuis qu’elle a initié l’appel à « Une femme, une sage-femme ». Mais elle déplore aussi, que le quotidien des professionnelles de la périnatalité en France soit toujours un véritable parcours du combattant, tant le manque de moyens humains, matériels et financiers est immense.

Anna Roy, une lanceuse d’alerte plus qu’une leader d’opinion ?

L’ordre de la profession et les syndicats représentatifs s’efforcent au quotidien de soulever ces problématiques et d’obtenir des réponses. Ce sont ces organismes institutionnels, qui représentent la profession et bien souvent négocient en son nom. On a déjà souligné, que la faiblesse du nombre de sages-femmes libérales en France pouvait expliquer la difficulté à se faire entendre et donc à obtenir des réponses adaptées et réellement efficaces. Anna Roy se bat sur un autre registre, puisqu’elle a eu l’opportunité, il y a plusieurs années, d’acquérir une certaine notoriété. Elle n’entend pas représenter toute la profession et porter tous les combats de cette dernière. En revanche, elle ambitionne de profiter des opportunités de prise de parole pour alerter et informer. Anna Roy est devenue sage-femme par vocation (« La salle d’accouchement est le seul endroit sur Terre où je me sens chez moi. »), alors quand elle explique que c’est à regret qu’elle a quitté la maternité pour devenir sage-femme libérale, ses propos deviennent plus audibles de la part de la population.

Le livre qu’elle publie aujourd’hui est, quant à lui, destiné aux futures mères, répondant à l’envie de transmettre de l’auteure.

Je suis toujours étonnée de voir à quel point les femmes sont peu au courant de ce qui se passe dans leur corps…

En répondant aux questions récurrentes des femmes enceintes, Anna Roy dresse le portrait de la sage-femme d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas de revendiquer ou de demander quoi que ce soit (ou tout du moins pas directement) mais bien d’apaiser les inquiétudes des futures mères. Et quand les journalistes du Monde demandent à l’auteure de définir le métier aujourd’hui, elle répond naturellement :

La sage-femme, c’est d’abord quelqu’un qui a une responsabilité médicale inouïe, avec des compétences très élargies. Mais on a aussi un rôle symbolique indicible.

Pensez-vous que ces prises de parole d’une sage-femme médiatique soient efficaces pour faire avancer les choses ? Estimez-vous que cette « médiatisation » soit aujourd’hui nécessaire pour obtenir des réponses aux nombreuses revendications ?