Un réel changement de méthode pour imaginer l’avenir de la santé ?

Le CNR Santé, un nouveau départ pour les sages-femmes et le système de santé

Les sages-femmes libérales et hospitalières revendiquent depuis des années en demandant une profonde transformation du système de santé. Elles sont accompagnées, depuis longtemps, par bien d’autres professionnels de santé. Ces revendications ont trouvé un nouvel écho depuis l’hiver 2020 et l’apparition de la crise sanitaire du coronavirus. Malgré le Ségur de la Santé (été 2020), requalifié par les observateurs et les soignants de « Ségur de l’Hôpital », les autorités publiques ont multiplié les promesses d’une telle transformation en profondeur. C’est ce lundi 3 octobre au Mans, que sera lancée la grande consultation de tous les acteurs de santé, dont les sages-femmes libérales et hospitalières. Ce chantier, baptisé du nom du Conseil National de la Refondation (CNR), doit conduire à imaginer la santé de demain et répondre aux nombreux problèmes soulevés.

Mais des sages-femmes libérales aux médecins hospitaliers, tous les soignants redoutent que ces grandes annonces ne soient pas suivies de faits concrets. Le président de la Fédération Hospitalière de France, M Arnaud Robinet, prévient ainsi les autorités dans des termes, que tous les professionnels de santé, libéraux comme hospitaliers, auraient pu reprendre à leur compte :

« On ne veut pas d’un nouveau diagnostic ni de listes de problèmes, on les connaît parfaitement. On veut des décisions fortes, inédites et rapides. Le système de santé en général et l’hôpital public en particulier sont dans un tournant. Il faut guérir le malade avant qu’il ne soit trop tard. Il faut fédérer, impulser et accélérer. »

Une nouvelle approche pour se projeter dans l’organisation de la santé de demain

Le ministre de la Santé, M François Braun, a déjà détaillé les modalités de cette grande consultation, en soulignant l’importance donnée à la territorialisation. Les sages-femmes libérales et hospitalières, à l’instar de bien d’autres professionnels de santé, ne peuvent que se féliciter de cette approche par territoire, puisqu’elles soulignent cette nécessité depuis bien longtemps. La liberté et l’égalité d’accès aux soins fait partie des questions principales de cette réforme à venir, et la question des déserts médicaux sera centrale au cours de ces discussions. Parmi les pistes qui seront abordées, nul doute qu’un coup de projecteur sera donné sur la périnatalité après la mise en garde des professionnels concernés quant à la dégradation constatée en la matière.

Recruter davantage de sages-femmes hospitalières sans renoncer aux efforts pour inciter les sages-femmes libérales à s’installer dans les territoires sous-dotés. Le ministre de la Santé avait déjà, dès le mois d’aout, souligné cette nécessité, pointant un impératif :

  • La revalorisation du métier de sage-femme doit être la priorité des priorités pour susciter davantage de vocations et de candidatures, (cette revalorisation concerne bien évidemment la rémunération mais pas uniquement. La question de la reconnaissance devrait être abordée). Pour pouvoir recruter de nouvelles maïeuticiennes, il faut nécessairement réussir à en former davantage

La question de l’articulation « soins de ville / hôpital » ainsi que les questionnements autour des interactions entre les différentes professions de santé devraient également permettre d’avancer sur des sujets comme l’efficience ou la permanence des soins.

C’est donc un vaste chantier, qui s’annonce, où sages-femmes libérales, médecins hospitaliers, Assurance Maladie, … sont invités à se mettre autour d’une table pour imaginer le système de santé de demain. Il faudra nécessairement aborder tous les sujets, mais aussi tenir compte d’un calendrier contraint. Car si le PLFSS 2023 a déjà été présenté en Conseil des Ministres, les autorités publiques sont conscientes que cette réforme du système de santé sera longue, très longue à mettre en œuvre, d’où l’absolue nécessité de pouvoir l’initier le plus rapidement possible.

Et vous, estimez-vous que ce CNR Santé constitue réellement un changement de méthode ? Qu’attendez-vous de cette vaste concertation ?