La place de la sage-femme, une mission à (enfin) faire connaitre

Les sages-femmes libérales et hospitalières ont connu, ces dernières années, une évolution conséquente de leurs responsabilités et de leurs missions. Mais dans le même temps, la communication n’a pas été faite ou tout du moins pas assez efficacement pour en informer les femmes.

Reconnaitre tout simplement le rôle et la mission des sages-femmes

A l’occasion des débats publics, organisés ces dernières semaines, les professionnels de santé en général et les sages-femmes en particulier portent des revendications, qui, pour certaines d’entre-elles, sont déjà intégrées à l’organisation de la Santé Publique en France. Ainsi lorsque l’ordre des sages-femmes propose que les maïeuticiennes deviennent une référence en matière de santé sexuelle et reproductive, il ne fait que rappeler ce qui est déjà écrit dans la loi. La France a en effet suivi, depuis plusieurs années, les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’agissant des problématiques de prévention sexuelle d’une part et de fertilité d’autre part (Pour appuyer ces recommandations, l’OMS rappelle fréquemment « qu’un tiers des morbidités des femmes en âge de procréer est directement lié à la santé sexuelle à travers le monde ».

Aujourd’hui, la sage-femme libérale ou hospitalière est reconnue par les textes comme une professionnelle de santé et un acteur majeur de cette santé sexuelle et des questions de fertilité. Bien qu’il reste encore des évolutions réclamées par une grande partie de la profession, la simple application des textes déjà en vigueur permettrait de rendre ces ambitions plus facilement réalisables.

La sage-femme, bien plus qu’une experte du suivi de la grossesse

En France, une femme sur 5 (20 %) estime « manquer d’informations sur la prévention et le dépistage des pathologies (IST) », alors qu’une femme sur 6 avoue ne pas avoir de suivi gynécologique régulier. Ces différentes études soulignent non seulement le manque d’éducation des femmes à cette problématique, mais démontrent bien aussi que les missions des sages-femmes reste très largement méconnu par une grande partie de la population. Ainsi, c’est près d’une femme sur 3, qui ignore que la sage-femme peut aujourd’hui prescrire un moyen de contraception. Malgré l’autorisation donnée aux sages-femmes libérales de pouvoir pratiquer l’IVG médicamenteuse dans leur cabinet (Juin 2016), une étude souligne que « moins de 4 femmes sur 10 ont pu choisir librement leur moyen de contraception » (A titre informatif, 17 % des IVG hors établissement étaient concernées en 2019 et impliquaient 420 sages-femmes).

Il en va de même dans les actions d’éducation à la vie sexuelle et affective auprès des plus jeunes. En violation de l’obligation légale qui leur est faite, une école sur 4 (25 %) ne propose aucune éducation sexuelle pour leurs élèves.

Des règles existent donc bel et bien, et bien qu’elles soient certainement perfectibles, elles devraient déjà être pleinement appliquées.

La sage-femme libérale, le socle du suivi gynécologique de toutes les femmes

La mauvaise application ou l’absence d’application de toutes ces règles méconnues voire inconnues des femmes n’est pas sans conséquence. L’augmentation de 10 % depuis 2012 des MST chez les jeunes de 15 à 24 ans n’est-elle pas due à un manque d’éducation ? Et que penser en découvrant qu’une femme de moins de 25 ans sur deux (49 %) ne « connait pas le contenu d’une consultation de suivi gynécologique » ?

Tout cela a conduit l’ordre des sages-femmes à faire de cette reconnaissance une des priorités de ses revendications. Certes, des évolutions sont à prévoir, mais la priorité reste déjà de faire connaître les missions dévolues aux sages-femmes libérales, notamment en rappelant leur rôle dans toutes les campagnes d’information tant sur la santé sexuelle que sur la contraception. Ensuite et ensuite seulement, les autorités publiques pourront alors répondre aux autres attentes, comme la possibilité pour les sages-femmes de prescrire « les examens de dépistage et les traitements des IST/ MST à l’ensemble de la population. »

Tout comme leur statut de professionnelle de santé à part entière peine à être pleinement reconnu, les sages-femmes ne peuvent que déplorer ce manque de communication vis-à-vis des femmes en général.

Et vous, estimez-vous que les femmes connaissent suffisamment la mission et le rôle, qui est le vôtre ? Quelle serait, selon vous, la meilleure solution pour diffuser plus efficacement ces informations ?