La régulation à l’installation des sages-femmes libérales, un passage obligé ?

Si le manque de sages-femmes libérales et hospitalières est incontestable, plusieurs études soulignent que cette tension pourrait se faire plus forte dans les années à venir. La question se pose alors d’apporter des solutions adaptées pour répondre aux spécificités de chacun des territoires de France. Une exigence, qui rend encore plus difficile la réussite d’une stratégie, qui n’a pas encore convaincu aujourd’hui.

Le nombre de sages-femmes dit croitre de manière importante dans les prochaines années

La question de la répartition des professionnels de santé en général et des sages-femmes en particulier dépasse largement le simple stade des ambitions du gouvernement de faire adopter des règles encadrant l’installation des jeunes diplômés. Pour le ministère de la santé et de la prévention, il s’agit d’un des aspects participant à l’amélioration de la prise en charge des patients. Les moyennes nationales ne peuvent refléter les spécificités de telle ou telle région de l’Hexagone, alors même que  tous les patients doivent bénéficier de la même qualité de soins et plus encore du droit d’accès aux soins. Ce constat, partagé par toutes les parties prenantes (autorités publiques, professionnels de santé et usagers du système de santé), a été renforcé par la vaste étude, conduite par la Dares et France Stratégie et publiée en mars 2022 « Métiers 2030 ».

Sans se concentrer spécifiquement sur les besoins en soignants, l’étude soulignait cependant que le recrutement de professionnels de santé ou l’installation de ceux-ci en statut libéral étaient appelés à croître de manière significative pour la prochaine décennie. Parmi ces nouveaux soignants, certaines professions se distinguaient par une hausse encore plus spectaculaire, comme les aides-soignantes (une prévision de 110.000 recrutements d’ici 2030) et plus encore les sages-femmes (130.000). On connait aussi les conséquences de ces études, avec les efforts déployés par le gouvernement pour rendre ces métiers plus attractifs. Car au-delà du besoin de sages-femmes libérales ou hospitalières, encore faut-il pouvoir disposer des candidates et candidats en nombre suffisant pour y répondre. L’actualité de ces derniers mois souligne bien comment la crise des vocations impacte profondément et durablement les stratégies mises en place par le ministère de la santé.

Des disparités régionales à l’origine de l’installation des futures sages-femmes libérales

Sans revenir sur les causes pouvant expliquer cette crise des vocations, il faut s’interroger sur ces spécificités régionales, qui doivent conduire les autorités publiques à réguler le recrutement et l’installation de professionnels de santé sur chacun des territoires français. C’est cette étude régionale, qu’ont conduit les deux mêmes organismes et qui a été publiée dans les premières semaines de l’année 2023. Sans surprise, on s’aperçoit que toutes les régions en bord de mer (de la façade Atlantique à la région Provence Alpes Côte d’Azur) sont celles, où on rencontre la plus forte densité de soignants. Ce sont aussi ces régions, qui attirent en grand nombre les retraités, une population se caractérisant notamment par une demande de soins plus importante (même si la profession n’est pas directement impactée). Les grandes métropoles conservent elles-aussi un certain dynamisme, et ce sont bien les régions rurales ou périphériques qui concentrent les principales difficulté principalement en termes de professionnels de santé.

Pour les sages-femmes libérales, cette régulation repose sur une limitation de l’installation dans les zones qualifiées de « sur-dotées » (en théorie, une maïeuticienne ne peut s’installer qu’en remplacement d’une sage-femme libérale cessant son activité). En revanche, aucun dispositif incitatif n’existe pour attirer les futures maïeuticiennes dans les régions les moins pourvues, des territoires souvent marqués par la pénurie d’autres professions médicales et paramédicales. Ces problématiques régionales complexifient la mise en œuvre d’une stratégie globale. Alors que la réalité a souligné combien il était difficile de susciter de nouvelles vocations, des solutions pérennes et durables devront être trouvées pour réguler la démographie des sages-femmes libérales comme hospitalières.

Estimez-vous qu’il faille revoir la régulation de l’installation des nouvelles sages-femmes libérales ? Sous quelle forme ?