La rentrée 2022 pour devenir sage-femme en question !

Dans quelques jours, les futures sages-femmes libérales ou hospitalières feront leur rentrée pour suivre des études, réformées en 2020. Cette réforme n’a pas eu les impacts espérés sur la diversification des profils et de nouvelles interrogations se posent désormais.

Devenir sage-femme en 2022, des études plus accessibles ?

Comme bien d’autres professionnels de santé, le métier de sage-femme souffre d’une forte tension entre l’offre et la demande, certains n’hésitant pas à parler de pénurie dramatique. Si des mesures ont déjà été actées par le ministère de la santé, un effort particulier doit être porté sur l’attractivité de la profession, ce qui passe notamment par les études en maïeutique. Or depuis deux ans, la réforme du 1er cycle des études de santé est déployée partout en France. Depuis la rentrée 2020, la très redoutée PACES (Première année commune aux études de Santé) a été supprimée. Pour devenir sage-femme, médecin, chirurgien-dentiste, masseur-kinésithérapeute ou pharmacien, les étudiants doivent désormais faire le choix entre deux licences distinctes, lorsqu’ils s’inscrivent sur Parcoursup :

  • Le PASS pour Parcours Accès Santé Spécifique
  • La LAS pour Licence Accès Santé

Les objectifs de cette réforme étaient multiples mais on peut souligner les deux principaux :

  • Eviter le « gâchis humain » que pouvait représenter la PACES (les étudiants refusés à poursuivre devaient ainsi repartir de zéro) alors qu’aujourd’hui, en cas d’échec, les étudiants peuvent « redoubler » et poursuivre dans leur seconde filière
  • Diversifier les profils s’orientant vers ces études de santé, et ainsi espérer influer sur les « choix d’installation » en réponse à la progression des déserts médicaux.

Deux ans donc après cette mise en œuvre, le bilan souligne que les objectifs ne sont pas atteints et que des ajustements s’avèrent nécessaires.

Vers une nouvelle réforme des études de santé pour devenir sage-femme ?

Confirmant la nécessité de ces « réaménagements », Didier Samuel, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine souligne «il faudra plusieurs années pour stabiliser la réforme ». Le PASS correspond à une version modifiée de la PACES avec le choix d’une majeure santé et d’une mineure dans une autre discipline. A l’inverse, la LAS implique pour l’étudiant de choisir une majeure dans une discipline de son choix et une mineure santé. C’est pour cette dernière, que les craintes, exprimées, dès l’origine, par des associations d’étudiants sages-femmes, médecins, … se confirment. En effet, devoir suivre une majeure en droit ou en sciences du langage mais aussi une mineure consacrée à la santé représente une charge de travail difficilement supportable pour les étudiantes et étudiants.

Et les chiffres l’attestent, puisqu’à l’issue de la deuxième année de LAS, seuls 40 % ont réussi à valider leur diplôme. En d’autres termes, la LAS connait un taux d’échec pour accéder aux études de santé de 60 %. Naturellement, le taux de réussite pour les étudiants ayant réussi à intégrer le PASS est bien supérieur, puisque se situant à 80 %.  Déjà à la rentrée 2021-2022, les places réservées aux étudiants de LAS avaient été « redistribués » à ceux du PASS. L’objectif de diversification des profils n’est donc pas atteint.  

En soulignant que « Pour étudier la médecine, il vaut mieux être doté d’un minimum d’esprit scientifique »,  M Didier Samuel laisse entendre que des solutions doivent être trouvées pour pallier à cet échec relatif. Si de réflexions sont actuellement menées pour revoir cette charge de travail, les oppositions demeurent. Pour les responsables des études médicales, il faut veiller à ne pas « baisser le niveau » rendant difficile tout réaménagement des études au cours des deuxième et troisième année. Pour les responsables des autres filières (les majeures pour la LAS et les mineures pour le PASS), ces évolutions ne doivent pas pour autant impacter le niveau de leur propre discipline. On comprend donc la difficulté devant laquelle se retrouvent les autorités publiques. S’agissant plus spécifiquement des études pour devenir sage-femme, rappelons enfin que dès la rentrée universitaire 2022 – 2023, une sixième année viendra compléter la formation des maïeuticiennes.

Et vous, que pensez-vous de l’organisation des études pour devenir sage-femme ? Quelles seraient selon vous les décisions à prendre pour attirer plus d’étudiantes et d’étudiants ?