La mort d’une femme de 37 ans a relancé le débat autour de l’accouchement à domicile. Si des sages-femmes libérales sont mobilisées pour défendre cette liberté de choix, d’autres professionnels de santé rappellent les risques que peut faire courir une telle décision.
Un drame relance le débat sur l’accouchement à domicile
Le 17 novembre dernier, à Fougères (Ille et Vilaine), une femme décédait au cours de son accouchement. Elle avait décidé d’accoucher à domicile. Transférée en urgence à l’hôpital pour une césarienne, la femme de 37 ans n’a pas pu être sauvée, ni même son enfant. Le parquet de Rennes a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort. Plus qu’un simple fait divers, ce drame relance un débat qui a déjà fait couler beaucoup d’encre : l’accouchement à domicile. Sur les 700.000 naissances enregistrée en moyenne en France chaque année, un millier environ a lieu au domicile des parturientes.
Un accouchement à domicile déjà largement encadré par la loi
Elue au conseil national de l’Ordre des Sages-Femmes, Anne-marie Curat pose le cadre : « L’accouchement à domicile n’est pas interdit par la loi ». En revanche, il doit satisfaire à des exigences précises. Pourtant, les sages-femmes, ayant décidé d’accompagner les femmes ayant fait ce choix, soulignent depuis longtemps les difficultés auxquelles elles doivent faire face. Selon l’enquête menée par les journalistes du Monde à l’occasion de ce fait divers, une centaine de sages-femmes est regroupée au sein de l’Association professionnelle de l’accouchement accompagné à domicile (Apaad). Cette dernière souligne que les sages-femmes libérales ne sont pas assez nombreuses pour faire face à la demande croissante. Cette augmentation des demandes s’explique, selon l’Apaad, par la réaction des femmes aux violences gynécologiques et obstétricales notamment. Une augmentation qui a connu une accélération avec la crise sanitaire du coronavirus. Face à ces sages-femmes attachées à défendre cette liberté de choix d’accoucher à domicile, de nombreux professionnels de santé ont fait entendre, à cette occasion, une position radicalement différente.
Des professionnels de santé réaffirment leur opposition à l’accouchement à domicile
Pour la présidente du collège National des gynécologues et obstétriciens français, Joëlle Belaisch-Allart, ce drame est l’occasion de rappeler qu’ « (…) « il nous est impossible de cautionner une telle pratique ». Elle explique ainsi aux journalistes du Monde :
« Le risque de mortalité maternelle et du bébé est nettement plus élevé dans un contexte non médicalisé. La dangerosité potentielle de l’accouchement à domicile doit être dénoncée (…) »
De nombreux médecins, gynécologues, mais aussi des anesthésistes ont rappelé leur opposition farouche à ce type d’accouchement. Présidente du Collège des anesthésistes-réanimateurs en obstétrique, Estelle Morau insiste : « un accouchement sans risque, ça n’existe pas : les complications sont imprévisibles, même après une grossesse normale. »
L’accouchement à domicile, une prise de risques supplémentaire ?
De nombreux professionnels de santé, ayant réaffirmé ces derniers jours leur opposition à l’accouchement à domicile, ont ainsi pu expliciter leur raisonnement. En choisissant d’accoucher à leur domicile, les parturientes retardent naturellement toute prise en charge en cas de problèmes. Et ces derniers peuvent être nombreux même pour une grossesse qualifiée de normale ou à bas risque. Ce retard dans la prise en charge constitue pour ces professionnels une « perte de chance ».
Ce drame de Fougères a relancé ce débat. Nul doute, que les conclusions officielles des examens demandés par le parquet de Rennes contribueront à éclairer ces échanges et à conditionner l’avenir de l’accouchement à domicile en France.
Et vous, êtes-vous engagée pour accompagner les parturientes à accoucher à leur domicile ? Comment jugez-vous cette pratique ? Estimez-vous qu’il faille encore davantage l’encadrer ?