L’accouchement à domicile, un droit reconnu et pourtant si difficile à faire accepter

En France, vouloir accoucher à domicile n’est contraire à aucune loi, à condition de respecter les prescriptions précisément définies. Pourtant, de nombreuses sages-femmes libérales ou hospitalières se joignent aux futures ou jeunes mamans pour faire part d’une réalité qui est bien différente.

L’accouchement à domicile, une demande de plus en plus forte des jeunes parents

Si les maïeuticiennes sont devenues de véritables professionnelles de santé et que les jeunes parents reconnaissent pleinement leur expertise et leur compétence, les futures mères sont de plus en plus nombreuses à vouloir accoucher à domicile. Mais vouloir mettre au monde son futur bébé en-dehors d’une maternité ne consiste pas à écarter les sages-femmes du suivi de la grossesse et de l’accouchement.

Certes renouer avec un « accouchement plus naturel » s’inscrit dans l’air du temps, dans cette quête d’un retour aux traditions mais cela ne signifie aucunement que ces femmes, ayant décidé d’accoucher à leur domicile, ne soient pas renseignées sur les risques et les complications, qui peuvent être liés à un accouchement, bien au contraire. Les raisons de ce choix peuvent être diverses, depuis l’envie d’un accouchement plus naturel jusqu’à la contestation d’une maternité surmédicalisée. Toujours est-il que dans le cas de grossesses non pathologiques et sans complication, accoucher à domicile est un droit reconnu en France, même si la réalité se révèle être bien différente.

Cette croissance des demandes d’accouchement à domicile a connu une nouvelle accélération depuis le début de la crise sanitaire. Des femmes refusaient ainsi de prendre un risque accru de contamination au coronavirus (patients Covid de l’hôpital) mais contestaient aussi la possibilité de devoir accoucher sans la présence d’un proche. L’association professionnelle de l’accouchement assisté à domicile expliquait alors devoir refuser une partie de ces nouvelles demandes, puisque les conditions de suivi et de préparation n’étaient pas alors respectées.

L’accouchement à domicile, le rôle central des sages-femmes

En 2020, ce sont 1503 femmes qui ont pu accoucher à leur domicile, ce qui représente une augmentation de 16 % par rapport à l’année précédente. Malgré cette hausse conséquente, force est de constater que ce choix reste marginal, puisque la France enregistre chaque année plus de 730.000 naissances. Le droit de pouvoir accoucher à domicile serait-il entravé ? Les acteurs de la périnatalité ne sont-ils pas responsables, en culpabilisant une telle prise de position ? Ou est-ce le nombre de sages-femmes libérales ou salariées, accompagnant les futures mamans jusqu’à leur accouchement, qui ne sont pas assez nombreuses ?  La question se pose, d’autant plus quand une grande partie des sages-femmes dénoncent les conditions inacceptables d’un grand nombre de maternités en France. Pour les sages-femmes libérales souhaitant s’engager dans cette voie, les difficultés commencent bien avant de recevoir leur première parturiente, puisqu’il leur faut trouver une assurance, acceptant de leur garantir une responsabilité civile professionnelle à des tarifs acceptables, et cette recherche se révèle bien souvent infructueuse.

Accoucher à domicile, une alternative à la tradition de la maternité ?

Si les sages-femmes formées à l’AAD sont trop peu nombreuses pour faire face à la hausse des demandes (elles n’étaient que 85 en 2021), elles mettent aussi en garde contre la hausse des accouchements non-assistés (ANA), qu’aucune étude n’arrive, à ce jour, à quantifier. De nombreuses femmes, n’ayant pas trouvé de sage-femme, refusent cependant d’accoucher à la maternité, et prennent le risque d’accoucher à leur domicile mais sans présence d’une professionnelle de santé. Et cette réalité concerne les femmes de tout âge, y compris après une première grossesse.

J’aurais préféré aller chez le vétérinaire plutôt qu’à l’hôpital

Aux journalistes de France Culture, Molly raconte son premier accouchement, qu’elle a vécu à la maternité : « J’aurais préféré aller chez le vétérinaire plutôt qu’à l’hôpital » témoigne cette mère, dont les deux accouchements ultérieurs ont eu lieu à domicile.

Cette réalité, doublée de l’évolution des attentes des femmes, obligera, à plus ou moins brève échéance, les pouvoirs publics à préciser leurs ambitions en la matière. En attendant, l’accouchement à domicile restera un droit en théorie, et un choix difficile à faire accepter au quotidien.

Et vous, êtes-vous formée à l’accouchement assisté à domicile ? Quelles seraient, selon vous, les mesures à prendre pour permettre que ce droit soit réellement reconnu et accepté ?