Le droit à l’avortement, un débat de société à conduire !

La question de l’IVG et du droit à l’avortement s’est brutalement installée au cœur des débats publics en France. Tout a commencé avec la décision de la Cour Suprême américaine. En France, on s’interroge pour savoir comment « sanctuariser » ce droit.

L’avortement, un droit reconnu à renforcer durablement !

Depuis plusieurs semaines, les débats autour du droit à l’avortement sont relancés, depuis que la Cour Suprême des États-Unis d’Amérique a permis à chaque État d’autoriser ou d’interdire l’avortement. Si la décision a fait couler beaucoup d’encre, elle constitue, pour les associations américaines, un « tragique et désastreux retour en arrière ». Les débats ont traversé l’Atlantique, et la France n’a pas échappé à ce questionnement d’un droit, qui apparait, à l’aune de cet arrêt américain, bien fragile. Il faut dire, qu’aux États-Unis, les femmes jouissaient du droit à l’avortement depuis 1973 (arrêt Roe vs Wade) et que cette remise en cause marque une vraie rupture.

En France, la loi du 17 janvier 1975, dite loi Veil, a légalisé l’interruption volontaire de grossesse (IVG), et ce droit était alors considéré comme acquis par toutes les femmes. L’IVG médicamenteuse ou chirurgicale a fait l’objet de nombreuses évolutions législatives depuis sa légalisation, la dernière en date remontant quelques mois seulement. Pendant, la crise sanitaire, le délai pour réaliser une IVG avait été allongée pour répondre à l’urgence d’une situation exceptionnelle. Un rallongement, qui a été adopté de manière définitive après la publication de l’avis favorable de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution française

Au vu de la décision récente de la Cour suprême américaine, de nombreuses associations mais aussi des hommes et femmes politiques se sont inquiétés que ce droit à l’avortement puisse être remis en cause dans les années à venir en France. C’est pour empêcher cette évolution, que la cheffe des députés du parti présidentiel (LREM), Mme Aurore Bergé a déposé une proposition de loi pour inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution Française.  Mme Bergé a expliqué sa démarche en rappelant les dangers entourant les avortements, qui sont réalisés sans l’assistance d’un médecin ou d’une sage-femme :

C’est catastrophique pour les femmes dans le monde : vous avez une femme qui meurt toutes les neuf minutes parce qu’un avortement a été mal pratiqué, de manière non sécurisée

Dans ces conditions, et tout en rappelant qu’il existe aujourd’hui encore des opposants à ce droit à l’avortement, Mme Bergé souhaite donc que ce dernier soit inscrit dans la Constitution Française. Si la procédure parlementaire pour une telle inscription est par nature complexe et longue, c’est le seul moyen, selon les défenseurs du projet, de garantir ce droit pour les générations futures.

Les sages-femmes, des professionnelles de santé au service des femmes

Si les sages-femmes libérales ou hospitalières sont concernées directement par ces questions, la profession tout entière a rappelé, à cette occasion, qu’elle était au service de toutes les femmes notamment pour lutter contre les violences et les discriminations de tout ordre.

Pour la présidente du Conseil national de l’Ordre des Sages-femmes, Mme Isabelle Derrendinger, il reste essentiel de protéger ce droit sans pour autant « oublier » les autres préoccupations toutes aussi essentielles du moment. Elle résume parfaitement la situation en écrivant :

« Si sanctuariser ce droit serait un acte fort, il faut aussi que le beau symbole soit concret pour les femmes. Or, actuellement, la situation est dramatique car le manque de sages-femmes conduit certaines maternités à privilégier les accouchements au détriment de leurs autres activités, dont les avortements. « 

Ce débat devrait gagner en intensité à la rentrée de septembre, mais les problématiques sont d’ores et déjà fixées et connues.

Et vous, pensez-vous que le droit à l’avortement est en danger en France ? Estimez-vous qu’il faille rapidement l’inscrire dans la Constitution ? Ou pensez-vous que d’autres priorités sont encore plus pressantes ?