En apparence, mais en apparence seulement, la santé reste un domaine fortement féminisé. Pourtant à bien y regarder, la place des femmes soulève bien des questions et des problématiques.
La santé et la question et la question de la parité homme-femme
97 % des sages-femmes de France sont des … femmes. Si cette féminisation de la profession relève de la nature même de cette dernière sans que cela interroge, elle renforce également un constat dressé par l’ensemble des soignants et des acteurs de notre système de santé : La Santé en France est majoritairement assurée par des femmes. Ainsi, l’association « Donner des elles à la santé » souligne que dans le milieu hospitalier :
- « 80 % des métiers du care (soigner) » sont occupés par des femmes,
- « 52 % des métiers du cure (guérir)» sont également concernés.
Certes, les résultats sont en-deçà du constat dressé pour les sages-femmes, mais force est de constater que les soignants sont avant tout des soignantes. Si les maïeuticiens sont rares tant à l’hôpital qu’en ville, il en est de même pour les infirmiers ou encore pour les aides-soignants. Cette féminisation incontestable de la santé pourrait donc, à priori, laisser croire que le domaine de la Santé figure parmi les plus vertueux en ayant déjà intégré la parité hommes – femmes. Pourtant il n’en est rien, et de nombreuses études en dénoncent même les travers.
Les femmes sous-représentées dans les sphères dirigeantes de la santé en France
La place des femmes dans le système de santé en France ne doit pas se limiter à une seule analyse chiffrée. C’est ce que souligne l’association « Donner des elles à la santé », qui, après avoir souligné la féminisation des métiers du soin, se désole que cette part des femmes s’amenuise dès lors que l’on progresse dans la hiérarchie des établissements de santé. Pour l’illustrer, elle détaille que seuls 20 % des postes de professeurs des universités – Praticien Hospitalier (PU-PH) sont occupés par des femmes. Les femmes seraient donc des soignantes mais ne pourraient donc pas occuper de hautes fonctions dans le domaine de la santé. S’agissant des sages-femmes libérales et hospitalières, ce manque de considération est encore plus flagrant puisqu’attachée à l’ensemble de la profession. Ainsi, le député Les Républicains du département de l’Essonne, M Jean -Raymond Hugonet interpellait, en juillet 2020, le ministre de la santé en s’interrogeant sur l’absence de représentant de sages-femmes au comité Ségur National et au groupe Ségur national « carrières et rémunérations ». Il s’étonnait de cette réalité en interrogeant :
Il semblerait que ces réunions aient exclu les représentants de cette profession compte tenu du fait qu’elles soient assimilées aux professionnels non médicaux au sein des hôpitaux. Et pourtant les sages-femmes sont très sollicitées notamment quand il s’agit de pallier le manque de médecins acceptant de pratiquer des actes chirurgicaux en orthogénie.
A ce manque de représentativité des femmes dans la hiérarchie de la santé s’ajoute un autre fléau, dénoncé depuis des années : le sexisme et les violences faites aux femmes.
Le sexisme dans la santé, des problèmes toujours récurrents
La 3ème édition du baromètre réalisé par IPSOS pour l’association souligne la persistance des comportements sexistes dans le domaine de la santé, alors même que ce dernier est majoritairement féminisé. Ainsi, en 2022, 80 % des femmes médecins reconnaissent avoir déjà été victimes de comportement sexistes (gestes inappropriés, paroles déplacées), et ce malgré les multiples courant ayant déjà traversé la société (#meetoo). Les sages-femmes n’échappent pas à cette persistance de tels comportements, alors que dans le même temps elles doivent également remplir leur mission de sentinelle de la santé de toutes les femmes. Ainsi, lorsque les sages-femmes se mobilisent pour dénoncer leur situation (et les mobilisations se sont succédé depuis plusieurs mois), elles sont conscientes qu’elles peinent à être entendues. N’est-ce pas tout le sens d’une des nombreuses affiches dévoilées au cours de la manifestation d’octobre 2021 sur laquelle on pouvait lire :
« Sexisme d’Etat: si les hommes accouchaient, le problème serait réglé »
Et vous, estimez-vous que le milieu de la santé soit plus sujet au sexisme que les autres secteurs d’activité ? Ou estimez-vous qu’il corresponde à la société dans son ensemble ? Et en tant que sage-femme, vous estimez-vous plus victimes de ce genre de comportement et de cette « non-reconnaissance » ?