Les Sages-femmes libérales après plus d’un an de crise sanitaire

Tous les professionnels de santé se déclarent fatigués, voire épuisés par ces derniers mois. La crise sanitaire a profondément usé les soignants. Pourtant, cette crise sanitaire aura également permis de faire évoluer certaines situations problématiques, notamment en ce qui concerne les sages-femmes.

L’agenda des sages-femmes libérales n’a cessé de se remplir depuis le début de la crise

Le début de la crise sanitaire du coronavirus, en mars 2020, a marqué le commencement d’une période de profonds bouleversements pour les professionnels de santé en général et les sages-femmes libérales en particulier. Bien évidemment, dans leur cabinet ou au domicile de leurs parturientes, ces maïeuticiennes ont dû appliquer les règles d’un protocole sanitaire très strict, engendrant une surcharge de leurs emplois du temps au quotidien. Depuis un an et demi, les sages-femmes ont vu leurs prérogatives se modifier, comme avec l’arrivée du télésoin. Mais elles ont du également faire face à une adaptation des conditions de travail et d’accueil des maternités.

Dans de nombreuses maternités en France, la crise sanitaire aura sonné le glas des cours collectifs de préparation à l’accouchement pour les fermes enceintes. Les établissements publics renvoyaient alors les femmes vers les sages-femmes libérales. Ces mêmes maternités orientaient aussi certaines patientes dans les cabinets libéraux de maïeuticiennes lorsqu’elles voulaient, par exemple, une échographie avec la présence du papa, quand cette attente était rejetée dans les établissements de soins.

Se sont enfin ajoutés à ces surcharges d’activité les mobilisations des maïeuticiennes dans la campagne de dépistage pour commencer puis de vaccination aujourd’hui.

Tout cela explique cette hausse incontestable de l’activité des sages-femmes libérales depuis près d’un an et demi.

Et cette surcharge de travail s’est constatée dans toutes les régions de France, même s’il existe bien des spécificités d’un territoire à l’autre. C’est ce qu’a révélé notamment L’Écho Républicain en interrogeant ces professionnelles de santé. Une sage-femme donnait une réalité concrète à cet accroissement des tâches :

« Avant la crise, mes horaires, c’était 8 h 30-17 h 30. Depuis, c’est 7 h 30-19 h 30, et encore parfois 20 heures quand je fais des visites à domicile. »

Une grande fatigue mais aussi des effets bénéfiques pour les sages-femmes

Dans les régions, où les sages-femmes libérales n’étaient pas déjà assez nombreuses, la situation ‘est complexifiée, alors que dans d’autres régions qualifiées de « surdotées », elle s’est dégradée au regard de cet accroit d’activité. Alors que le retour à la normale n’est toujours pas prévu pour ces prochaines semaines (l’apparition de variants rend les autorités publiques prudentes et méfiantes), ces professionnelles de santé ressentent une certaine lassitude, bien que la profession toute entière se félicite de conséquences plus positives de cette période si singulière.

En devant orienter les femmes vers les sages-femmes libérales, les maternités et autres établissements de santé ont contribué fortement à faire connaitre auprès du grand public les missions de ces dernières. Une sage-femme libérale peut accompagner une femme tout au long de sa grossesse et jusqu’à l’accouchement. Cette communication a permis de valoriser leur rôle propre et leurs missions, et les conséquences ne disparaîtront pas avec la levée de la crise sanitaire. En soi, cette forme de reconnaissance représente une véritable réponse aux revendications historiques des maïeuticiennes.

La seconde grande conséquence positive concerne l’organisation même du travail de ces professionnelles libérales de santé. Depuis des années, elles se plaignent du manque de coordination entre la ville et l’hôpital, entre leurs cabinets libéraux de sages-femmes et les maternités. La crise sanitaire a obligé les deux parties à s’entendre pour pouvoir faire face à la situation, et les relations Hôpital – Ville ont connu, en quelques mois, une véritable transformation, qui perdurera. Ces relations entre la ville et les soignants de ville ont su évoluer rapidement pour le bien-être des patients, avec l’intégration de nouveau usages (télésoin notamment). Cette amélioration sensible devrait donc, dans les semaines et les mois à venir, être renforcée au plus grand plaisir des sages-femmes libérales.

Et vous, comment vous sentez-vous après un an et demi de crise sanitaire ? Estimez-vous que cette crise aura permis ce rapprochement ville – hôpital ? Et une meilleure promotion du rôle des sages-femmes en général ?