Un été noir pour les sages-femmes, une menace bien réelle !

Alors que de nombreuses sages-femmes libérales et hospitalières attendaient cet été 2021 pour pouvoir souffler un peu après une année si difficile, cette saison estivale représente un véritable danger pour la profession. Et les appels au secours ont déjà été lancés !

Depuis le début de la crise sanitaire, les Françaises et les Français semblent découvrir l’état de leur Hôpital et son manque chronique de moyens tant financiers qu’humains. Pour les soignants, ce n’est qu’un rappel à une évidence, et lorsque les sages-femmes hospitalières décrivent leur quotidien, on comprend que les vocations des plus jeunes peuvent s’en trouver ébranler.

Travailler comme sage-femme à l’hôpital toute une vie… impensable !

Elsa, jeune sage-femme diplômée en 2020, a préféré l’hôpital et ne peux que déplorer ces conditions de travail dégradées. Lorsqu’elle se confie au Journal des Femmes, elle regrette :  « Il m’arrive de m’occuper de 3 à 4 dames en travail en même temps, en cas d’urgence on pousse à 5 mères en simultané« . Et cette désillusion pousse la jeune maïeuticienne à admettre que dans un monde parfait, elle rêverait de ne prendre en charge que deux femmes en travail. Et pourtant, les sages-femmes, dans leur grande-majorité, ont lancé depuis plusieurs mois le mouvement « Une femme, une sage-femme ». Cela démontre bien, combien les sages-femmes hospitalières sont « maltraitées ».

Et cela n’est pas sans conséquences sur le moral des professionnelles d’une part mais aussi sur l’avenir même de la profession. Bien qu’elle ait choisi d’exercer à l’hôpital par vocation, Elsa a, en un an, été confronté à une réalité, qu’elle n’imaginait pas et déjà elle avoue : « je me dis déjà que faire cela toute ma vie me paraît impensable, surtout à l’hôpital, je ne m’y vois même pas quelques années tant c’est difficile »

De l’hôpital au statut libéral, les sages-femmes sont-elles condamnées à être … « maltraitantes » ?

Cette situation, dénoncée depuis longtemps par les professionnelles de santé, est encore plus critiquable, si on ajoute les conditions de rémunération, jugées comme indignes, ou encore la multiplication des contrats précaires. Un manque de reconnaissance à tous les niveaux qui rend la voie hospitalière de moins en moins séduisante et attirante. Et le constat est implacable, les sages-femmes sont de plus en plus nombreuses à préférer s’installer en tant que libéral plutôt que de rejoindre les maternités. En 2012, seule une sage-femme sur 5 exerçait en libéral, alors qu’en 2020, 50 % de la promotion d’Elsa privilégiait ce statut. (Des projections estiment même qu’en 2050, 70 % des sages-femmes seront en libéral). Devenir sage-femme libérale ne libère pas de toutes ces problématiques, mais permet d’échapper à « l’enfer de l’hôpital ».

Et qui dit une forte croissance de ces sages-femmes libérales se traduit par une baisse de professionnelles susceptibles de venir renforcer les équipes dans les hôpitaux, et pour cet été 2021, la situation est alarmante.

Catastrophe imminente dans les maternités, la sonnette d’alarme a été tirée

Aujourd’hui, la situation est alarmante dans les hôpitaux. Aux problématiques évoquées ci-dessus s’ajoutent l’épuisement des professionnels de santé après plus d’un an de crise sanitaire. Et ces vacances estivales 2021 sont attendues par de nombreuses sages-femmes pour pouvoir enfin souffler. Sauf, qu’il faudra quand même accompagner les 120.000 accouchements prévus en France cet été, et qu’à ce jour, les remplaçantes et remplaçants n’ont toujours pas été trouvés. Une partie de la promotion 2021 a déjà fait le choix du libéral, rendant le recrutement encore plus difficile.

Et tous les acteurs s’en alertent depuis des semaines. Bien que l’Île de France soit particulièrement touchée par cette pénurie, toutes les régions connaissent peu ou prou cette problématique du recrutement. Et la situation est telle que dans un communiqué de presse tirant la sonnette d’alarme, l’Ordre des Sages-femmes explique que ce manque de professionnelles cet été pourrait « mettre en danger les patientes comme les nouveau-nés« . Les témoignages se multiplient dans toutes les régions de France, et la profession redoute de ne pas pouvoir faire face à la situation. L’appel au secours a été lancé, sera-t-il entendu et à temps ?

Et vous, comment jugez-vous cette situation des sages-femmes hospitalières ? Quelles mesures seraient, selon vous, à prendre, pour éviter que cela ne se reproduise ?