Un sage-femme ou un maïeuticien ? Quand l’homme fait évoluer la maïeutique

Comme d’autres professions de santé, comme les infirmières, le métier de sage-femme reste aujourd’hui encore ultra-majoritairement féminisé. 97 % des sages-femmes en France son t des femmes. Les hommes n’ont été admis à devenir sage-femme qu’au début des années 1980. Cela-t-il changé quelque chose ?

Le sage-femme, quand le masculin change la perception de la place des maïeuticiennes

Bien qu’il ne soit pas le seul, le métier de sage-femme constitue une profession largement féminisée. Selon les chiffres de 2021, moins de 3 % de la profession (sages-femmes libérales salariées, hospitalières mais aussi les étudiants en maïeutique) étaient des hommes. Il faut dire, que si l’importance des sages-femmes pour la santé des femmes et de leurs nourrissons est soulignée depuis longtemps, le modèle patriarcal a longtemps été néfaste à une reconnaissance plus officielle de cette place essentielle. L’Ordre National des Sages-femmes, créé après la seconde guerre mondiale, n’a-t-il pas été  dirigé par un gynécologue jusqu’au milieu des années 1990 ?

Il faudra attendre 1982 pour la profession s’ouvre aux hommes, non pas pour une raison éthique ou une nécessité de parité, mais pour se conformer à une directive européenne, interdisant toute forme de discrimination sexuelle. On   passera sur les polémiques, que la décision engendra, jusqu’à l’Académie Française qui hésita, un  temps, sur la dénomination acceptable pour désigner ces hommes devenus sage-femme : sage-homme, maïeuticien,  …. Parmi les 3 premiers hommes inscrits dès la rentrée de 1982, Willy Belhassen est devenu le sage-femme homme le plus célèbre et il ne cesse de rappeler : « Il y a des femmes qui préfèrent consulter un sage-femme, c’est important qu’elles aient le choix.»

Une profession féminisée qui doit se faire entendre …

En revanche, il se joint au triste constat partagé par d’innombrables sages-femmes libérales ou hospitalières quant au manque der reconnaissance de la profession dans son ensemble.  «Pour beaucoup, le/la sage-femme, c’est l’assistant.e du gynécologue lors de l’accouchement…». Plus de 40 ans après cette décision d’autoriser les hommes à étudier la maïeutique, ces derniers ne représentent que 2.72 % des effectifs, une proportion qui stagne depuis le début des années 2000.Pourtant, le sage-femme est aujourd’hui plus médiatisé et peut aussi servir de tremplin pour faire parler de la profession dans son ensemble. C’est ce que confirmait le sociologue Philippe  Charrier aux journalistes du Monde (édition du 23 novembre 2021).  En étudiant le sujet depuis des années, l’auteur évoquait ainsi une directrice de centre de formation en maïeutique, qui, il y a plus de 20 ans prédisait l’intérêt de cette ouverture de la profession aux hommes : « Des hommes, j’en veux parce qu’ils rendront plus visible notre profession ! » ; Aujourd’hui, les hommes, tant en cours de formation  ou déjà en exercice, soulignent leur passion  du métier, conduisant le sociologue à souligner l’acceptation du rôle de « représentant », qu’il leur a été assigné.

D’une certaine façon, les hommes sont instrumentalisés, et ils jouent le jeu parce que c’est flatteur et aussi parce que ça sert la profession : il s’agit de profils très attachés à leur mission.

 Et vous, comment jugez-vous les changements constatés depuis l’ouverture de la formation aux hommes ? Estimez-vous qu’il faille aller plus loin ? Comment ?