Une nouvelle commission pour décider de l’avenir des sages-femmes ?

Alors que sages-femmes libérales et hospitalières attendaient des réponses concrètes à leurs revendications, le ministère de la santé a annoncé la création d’une nouvelle commission pour réfléchir à l’avenir de la profession. Encore une ? Mais pour quel objectif ?

La périnatalité, une priorité pour le gouvernement ?

Les sages-femmes libérales et hospitalières, à l’instar de tous les soignants, attendent les décisions du ministère de la santé, qui organise la suite du CNR Santé, organisé depuis le mois d’octobre dernier. Au cours d’un réunion plénière, le 3 mai dernier, le ministre de la Santé a souligné son ambition de faire étudier les évolutions possibles pour les maternités. Cette annonce a déçu la profession, mais a également suscité l’incompréhension et le questionnement de M Frédéric Valletoux, député et président de la Fédération Hospitalière de France (FHF). Selon lui, la situation est critique et nécessite une réaction  urgente, puisque 10 % des 460 maternités françaises connaitraient des fermetures partielles liées au manque de sage-femmes et de personnels.

L’annonce par Mme Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, d’une mission sur les maternités, le député souhaite obtenir des garanties « sur le maintien d’une offre suffisante pour notre pays« . Il traduit l’inquiétude des sages-femmes hospitalières bien sûr, mais aussi des sages-femmes libérales ainsi que de tous les acteurs de la périnatalité. Et la tendance, qui se dégage depuis des années, renforce cette inquiétude.

La France comptait 814 maternités en 1996 contre 458 en décembre 2020. 

Quel avenir pour les maternités en France ? Des réponses concrètes attendues rapidement

 Tous les acteurs partagent le même constat : il faut réussir à concilier proximité et sécurité des futures mamans et enfants. Mais tous ne partagent pas les solutions à déployer. Le gouvernement a déjà souligné qu’il n’existait « aucun objectif volontariste de fermeture de maternités », laissant ainsi la porte ouverte à toutes les options envisageables.  Frédéric Valletoux insiste, quant à lui, sur la « pénibilité du métier de sage-femme » notamment, en expliquant que cette dernière explique en partie la pénurie de maïeuticiennes, qui empêche le fonctionnement normal de ces établissements.

Pour répondre à cette crainte légitime, la ministère a mis en avant les évolutions en la matière, depuis la création de centres de périnatalité jusqu’à l’organisation de Smur obstétricaux, en passant par la création d’une fonction de sage-femme territoriale.

En revanche, les sages-femmes regrettent que la ministre n’évoque jamais les maisons de naissances, que la loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) de 2020 avait créé. L’organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) a même reproché ce silence de la ministre, en soulignant que cela faisait peser une menace sur l’avenir même de ces maisons de naissance « alors même que le gouvernement avait exprimé l’objectif d’ouvrir 12 nouvelles maisons de naissance en 2022« .

Mme Agnès Firmin le Bodo a détaillé l’organisation et la feuille de route de cette commission sur l’avenir des maternités. Les chantiers sont nombreux et parmi ceux-ci, il s’agira de trouver des solutions pour « favoriser l’exercice mixte et nécessaire ville hôpital pour les sages-femmes ». Pour la profession, ces propositions sont insuffisantes face à  « l’état préoccupant de la santé des femmes et au regard de la situation des sages-femmes« . L’ordre des sages-femmes, les syndicats représentatifs de la profession et de nombreuses organisations en lien avec la périnatalité ont demandé, dans un communiqué de presse daté du 3 mai, la réalisation d’un « état des lieux de la situation des sages-femmes, mais également de leurs aspirations« . N’est-ce pas ce qui devait être réalisé avec le CNR Santé ?

Avez-vous l’impression, que les revendications des sages-femmes soient réellement entendues par les autorités publiques ? Estimez-vous, que les mêmes demandes sont faites mois après mois, sans qu’aucune réponse concrète ne soit apportée ?