Devenir sage-femme, quel parcours depuis la suppression de la PACES ?

Pour devenir sage-femme, il fallait, dans la majorité des cas, suivre la PACES avant d’intégrer les études dédiées. La réforme des études de santé a supprimé cette PACES tant décriée depuis la rentrée 2020, et désormais, deux nouvelles voies d’accès sont ouvertes pour les étudiantes et étudiants.

Devenir sage-femme, la suppression de la PACES pour apaiser les tensions ?

La réforme du 1er cycle des études de santé a fait droit aux demandes récurrentes des étudiantes et étudiants en santé, qui considéraient la PACES (Première année commune aux études de santé) comme une solution trop stressante et beaucoup trop sélective. Depuis la rentrée 2020, la PACES a définitivement disparu au profit d’un nouveau système caractérisé par deux voies d’accès :

  • Le parcours d’accès spécifique (PAS), une adaptation de la PACE sans redoublement possible mais avec l’obligation de choisir une option mineure
  • La licence avec accès Santé (LAS) permettant de choisir une licence dans une filière majeure avec un module santé en parallèle (une passerelle permet alors, pour les étudiants étant validé leurs crédits ECTS, de rejoindre les études de santé).

Après un trimestre, l’Association Nationale des étudiants en Médecine de France (ANEMF) dresse un premier bilan de cette réforme, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les futures sages-femmes, médecins et autres kinés ne ressentent pas encore les bienfaits, vantés et promis par la Réforme.

Les LAS, licences avec accès Santé, un parcours anxiogène pour les étudiants

Présentée comme une grande innovation de cette réforme, la licence avec accès Santé concentre cependant une grande partie des critiques. En effet, les étudiants, choisissant cette voie, relèvent alors de deux composantes distinctes de l’université, celle de leur dominante et celle de la Santé. Et comme la réforme a été décidée sans impliquer les services de ces universités, l’absence d’interactions entre chaque UFR complique le quotidien des étudiants, qui ne savent plus où s’adresser pour obtenir des informations, chacune des UFR se « renvoyant la balle ».

Le rapport de l’Anemf pointe ainsi les problèmes d’emplois du temps, avec des cours qui se superposent, mais souligne avec force le désarroi des étudiantes et étudiants.

Vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur à l’Anemf, Loona Mathieu résume ainsi la situation :

« Préparer des études sur la santé en même temps qu’une autre licence, c’est compliqué. Il faut les bases pour continuer sa licence mais il faut aussi avoir les bases pour pouvoir entrer en études de santé »

Bien souvent, les étudiants déploient donc deux stratégies différentes, l’une pour leur licence « dominante » et l’une pour pourvoir prétendre à ces études de santé, et cela reste bien trop complexe.

Un manque de préparation pour une réforme trop ambitieuse ?

Toujours est-il, que toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les universités et les étudiants, sont anxieuses et stressées. Doyen de la faculté de médecine d’Angers et membre du comité de pilotage de la réforme, Nicolas Lerolle explique multiplier les négociations avec les deux Ministères concernés, la Santé et l’Enseignement Supérieur, afin de « définir le plan qui permettra de faire une cartographie des insuffisances de la réforme ». Mais n’est-ce pas un peu tard alors que se préparent déjà les partiels du premier semestre pour ce mois de décembre 2020 ?

De leur côté, les étudiants dénoncent cette absence de concertation globale, pointant du doigt que l’évolution pédagogique indispensable à la réussite de celle-ci ne peut s’envisager que sur le moyen ou le long terme. Une vision partagée par les universités elles-mêmes. Cela explique de de nombreux étudiants n’hésitent pas à se présenter sur les réseaux sociaux comme une « promotion sacrifiée », une « promotion de CrashTests » et demandent que des correctifs soient apportés pour éviter que la situation ne perdure pour les années à venir. Loona Mathieu dresse le même constat :

« C’est vrai qu’un des objectifs qui nous tenait à cœur était la diminution des risques psychosociaux. Quand on voit les témoignages actuels, on n’y est pas encore. »

En revanche, le processus a été enclenché et la PACES définitivement supprimée, et tous veulent croire que les ajustements nécessaires seront opérés dans les plus brefs délais.

Et vous, comment considérez-vous cette réforme des études de santé ? La suppression de la PACES vous semblait-elle incontournable ?

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