La maltraitance, le sujet au cœur de l’actualité des sages-femmes !

L’actualité des sages-femmes est marquée, ces dernières semaines, par la maltraitance. Maltraitance envers la profession, quand les autorités sanitaires font la sourde oreille face à leurs revendications alors qu’elles demandent aux sages-femmes de pallier un manquement d’autres acteurs du monde de la santé. Maltraitance aussi, que les sages-femmes reconnaissent infliger à ces femmes enceintes, tout simplement parce qu’elles y sont contraintes.

« Je suis maltraitante », le cri du cœur des sages-femmes à travers la France

Bien que les revendications récurrentes des sages-femmes n’aient pas disparu, elles sont, depuis le début du confinement, passées sous silence, en raison de la crise sanitaire à laquelle le pays est confronté. Depuis le printemps dernier, les professionnels de santé doivent se soumettre à de multiples nouvelles exigences, et les sages-femmes n’échappent pas à la règle bien au contraire. Entre la nécessité de rassurer les patientes et celle de se protéger de tout risque de contamination, ces professionnelles n’en oublient pas pour autant les demandes, qu’elles portent depuis de nombreuses années.

Et ces revendications ont pris une nouvelle ampleur ces dernières semaines. Sage-femme libérale et hospitalière, Anna Roy intervient sur plusieurs médias, notamment dans l’émissions Les Maternelles et à travers un Podcast qu’elle anime sur Europe 1. Au fil de son expérience mais aussi des témoignages, qu’elle recueille auprès d’autres sages-femmes, elle a fait un premier pas en reconnaissant que, bien malgré elle, « Je suis maltraitante ». Il suffit de constater les nombreux témoignages recueillis après le lancement du #jesuismaltraitante pour comprendre que la grande majorité de la profession se sent concernée par ce constat.

Un appel lancé au Ministre de la Santé et au Président de la république

Non seulement, les sages-femmes se sentent concernées, mais elles sont rejointes immédiatement par les femmes, qui se déclarent totalement solidaires de ces professionnelles de la naissance. En 2018, 6 % des femmes avouaient être insatisfaites du suivi de leur grosse et de leur accouchement (Rapport du Haut Conseil à l’égalité des Hommes et des Femmes). Prenant conscience de l’engouement qu’a suscité son appel, Anna Roy décide alors d’aller encore plus loin en lançant, le lundi 16 novembre, le mouvement « une femme = une sage-femme »

Une pétition est lancée, et les réseaux sociaux diffusent relaient massivement cet appel à mobilisation. Dans le même temps, l’appel est également lancé à Olivier Véran, Ministre de la Santé et Emmanuel Macron, Président de la République. En quelques jours, la pétition a déjà dépassé les 53.000 signatures et Anna Roy entend bien mobiliser plus largement encore pour que soit (enfin) entendu le cri du cœur des sages-femmes.

Et pendant ce temps-là au Parlement, les députés veulent transférer de nouvelles compétences aux sages-femmes

Alors que la profession se mobilise pour ce projet, elle a appris également, que les élus de la majorité avaient déposé un amendement dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2021 (PLFSS). L’amendement prévoit d’autoriser les sages-femmes à pratiquer les IVG instrumentales (jusque-là réservées aux médecins). Ce transfert de compétences est proposé, selon les dires des députés à l’origine de l’amendement, pour faire face à la baisse inquiétante du nombre de professionnels, pratiquant les IVG.

Ce n’est en rien une demande de la profession, qui est mise devant le fait accompli. Caroline Combot, secrétaire générale de l’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) le confirme :

Nous demandons surtout à pouvoir faire correctement le cœur de notre métier qui est d’accompagner la grossesse et la naissance alors que nous manquons de moyens pour le faire. Nous avons appris l’adoption de ce texte un peu par surprise.

C’est là-aussi une nouvelle forme de maltraitance vis-à-vis dews sages-femmes, puisque la mesure n’est proposée que pour pallier la défection d’autres acteurs, jugeant cet acte peu valorisant et peu rémunérateur. Approuvé par l’Assemblée Nationale en première lecture et rejeté par les Sénateurs, l’amendement est de nouveau en discussion devant l’Assemblée nationale.

Et vous, quel regard portez-vous sur ces deux formes distinctes de maltraitance ? Avez-vous signé la pétition lancée par Anna Roy ?

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