Les médecines non conventionnelles, danger ou opportunité pour les sages-femmes ?

Les médecines dites non conventionnelles sont au centre de bien des débats tant chez les professionnels de santé en général et les sages-femmes en particulier que chez les patientes et les patients. Pourtant, les discours sur le sujet peuvent parfois apparaître comme contradictoires.

Les sages-femmes, des professionnelles de santé reconnues

D’un point de vue légal, les sages-femmes qu’elles exercent en ville ou à l’hôpital sont reconnues comme une « profession médicale à compétences définies ». Le code de santé publique (CSP) définit précisément le champ d’intervention des sages-femmes tant pour les femmes que pour les nouveau-nés. Pourtant, il suffit de prêter attention aux revendications des sages-femmes libérales ou hospitalières portées par ces professionnelles depuis des années pour comprendre que la reconnaissance de ce statut n’est pas unanime. Professionnelles de santé à part entière, auxiliaire de médecine, profession paramédicale, … les sages-femmes souffrent aujourd’hui encore  d’un manque de reconnaissance tant des autorités publiques que des autres professionnels de santé.

La disparition dans certains territoires des médecins-gynécologues aggrave un peu plus encore cette mauvaise connaissance que les soignants mais aussi et surtout les patients peuvent avoir de la profession de maïeuticienne. Pourtant au quotidien, les sages-femmes s’efforcent de faire connaitre leurs compétences propres tant pour ce qui concerne le suivi de grossesse pour tout ce quoi touche à la gynécologie de prévention notamment ou encore à l’orthogénie ou à la PMA. Dans ces circonstances, les pratiques non conventionnelles, dispensées par certaines sages-femmes, peuvent participer à rendre le message encore plus difficile à comprendre de la part des patientes notamment.

Les « médecines alternatives » proposées par les sages-femmes, une source de confusion ?

On se souvient qu’en 2022, des sages-femmes libérales avaient rejoint le collectif dénonçant la promotion de « pratiques non conventionnelles » par le premier site de prise de rendez-vous médicaux en ligne, Doctolib. Il s’agissait d’éviter de semer la confusion dans l’esprit des parturientes. Qu’on les désigne sous le terme de médecine non conventionnelle (MNC), de médecines douces, de médecine naturelle, d’alternatives thérapeutiques, …ces pratiques qui ne sont pas reconnues scientifiquement et encore moins sur un plan  légal interrogent autant qu’elles inquiètent. Interrogée par les journalistes du Figaro,  Isabelle Robard, avocate spécialisée en droit de la santé souligne ces inquiétudes et ces peurs en expliquant : « D’un côté, des professionnels de santé peuvent, sous certaines conditions, enrichir leur pratique de MNC, mais ils sont parfois poursuivis par l’ordre des médecins pour thérapeutique insuffisamment éprouvée ou charlatanisme! De l’autre, des praticiens non médicaux ni paramédicaux, ayant une activité qui peut, parfois, être considérée comme médicale, sont de temps à autre poursuivis pour exercice illégal de la médecine. L’absence de réglementation claire favorise les litiges »

Toutes ces pratiques ne sont pas à considérer de la même manière. Ainsi, seuls un médecin ou une sage-femme peut légalement exercer l’acupuncture (après l’obtention d’un diplôme universitaire), alors que le naturopathe n’est pas une profession réglementée, soumise à un quelconque diplôme ou à une formation obligatoire. Pour autant, certaines sages-femmes libérales, comme bien d’autres professionnels de santé, peuvent compléter leur formation par un parcours supplémentaire destiné à acquérir les compétences nécessaires pour telle ou telle autre pratique. En 2012, le Collège National des Sages-Femmes de France (CNSF) publiait ainsi un guide thématique : Sage-femme et « petits maux » de la grossesse : autre regard, autres pratiques. ». Il était alors détaillé les bienfaits que pouvait assurer la sage-femme libérale, lorsqu’elle associait à sa pratique quotidienne l’acupuncture, l’homéopathie, l’ostéopathie, la sophrologie ou encore le Yoga. Cette approche reste encore à expliciter aux patientes, qui se retrouvent confrontées à des discours pouvant apparaitre comme contradictoires. Entre les dangers réels de certaines pratiques non conventionnelles et les bienfaits reconnus d’autres approches, les efforts d’information et de formation sont encore à produire.

Et vous, comprenez-vous que certaines patientes se sentent perdues face à la multiplication de ces messages ? A titre personnel êtes-vous formés à l’une ou l’autre de ces médecines non conventionnelles ?