Si les sages-femmes libérales et hospitalières font entendre leurs revendications depuis plusieurs années, les étudiantes et étudiants ressentent eux-aussi ce mal-être. Un ressenti confirmé une nouvelle fois par un nouveau rapport.
Devenir sage-femme en 2023, une formation toujours aussi peu attrayante …
Comme en 2018, l’association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF) tire la sonnette d’alarme à l’occasion de la publication de son étude « Bien-être 2023 ». Alors que la profession traverse depuis plusieurs années une crise grave et profonde, les futures sages-femmes sont de moins en moins nombreuses à vouloir concrétiser une vocation, mise à mal par les conditions de travail et le manque de reconnaissance. Depuis des semaines, les observateurs et les spécialistes mettent en garde les autorités publiques conter une détérioration des conditions d’accès à la profession. On se souvient, qu’à la rentrée 2022, 20 % des places en 2nde année de formation en maïeutique étaient vacantes, et le rapport de l’ANESF s’inquiète de la persistance de la situation.
En 2018, donc, l’ANESF pointait les difficultés ressenties par les étudiantes en maïeutique, en appelant les pouvoirs publics à s’emparer de ces problématiques, d’autant plus que ces derniers avaient fait connaitre leur ambition de former davantage de sages-femmes dans les années à venir pour répondre à l’évolution des besoins. Dans la présentation de l’étude 2023, Benjamin Lohez, vice président de l’association revient sur ces 5 années, qui n’on permis …aucune évolution majeure : Les chiffres obtenus mettent en évidence des constats tout aussi alarmants qu’en 2018, en effet les différents résultats pour la plupart n’ont soit pas évolué soit empiré. Ces résultats nous questionnent sur les différentes actions qui ont pu être mises en place ces 5 dernières années, ainsi que sur l’attractivité de la formation.
Repenser la formation mais aussi la place de la sage-femme dans le système de santé, une urgence !
A la lecture de ce rapport, on ressent le stress que provoquent ces études en maïeutique sur les étudiantes et les étudiants. Les raisons sont certes multiples, mais le résultat est là. 8 étudiants sur 10 avouent ainsi se sentir plus stressés depuis leur entrée en formation. Lorsque l’association analyse les raisons de ce mal-être, les étudiantes pointent du doigt les équipes pédagogiques notamment.
Une étudiante sur 3 affirme éprouver un sentiment de maltraitance.
Dans la très grande majorité des cas, cette maltraitance est morale / psychologique (72.25 %) mais elle peut aussi être verbale (26.47 %) et plus rarement physique (1.28 %). Cette maltraitance est encore plus marquée lorsque les étudiantes sages-femmes sont en stage, puisqu’elles sont alors 61 % à le ressentir. (59.29 % ressentent une maltraitance morale / psychologique ; 38.14 % une maltraitance verbale et 2.57 % physique). Pour l’association des étudiants sages-femmes, non seulement ce constat est intolérable, mais l’absence d’évolution positive depuis 2018 représente un véritable constat d’échec.
Les conséquences de la situation questionnent sur l’avenir même de la situation. Face à cette réalité, une étudiante sur deux avoue avoir déjà penser à arrêter ses études. Plus inquiétant encore, une étudiante sur 4 n’envisage pas de travailler plus de 15 ans en tant que sage-femme, une fois son diplôme obtenu. L’ANSF appelle donc une réaction rapide et d’importance de la part des pouvoirs publics. Cette dégradation de la situation des étudiantes sages-femmes n’est pas de nature à rassurer quand on connait les besoins immenses, auxquels le pays est et sera confronté dans les années à venir.
Comment expliquez-vous ce malaise, cette maltraitance ressentie par les étudiantes en maïeutique ? Selon vous, que faudrait-il changer, en urgence, pour apaiser la situation ?