Les sages-femmes sur grand écran pour une reconnaissance de leur engagement

Avec la diffusion du film Pieces of Woman, de nombreuses femmes prennent conscience des problématiques soulevées par l’accouchement à domicile. Une œuvre cinématographique, inspirée de faits réels, qui pourrait faire changer les mentalités et à terme la législation.

Pieces of Woman, l’aventure d’une sage-femme sur grand écran

En France comme dans de nombreux autres pays, l’accouchement à domicile séduit de plus en plus de femmes, qui cherchent des méthodes plus naturelles et moins traumatisantes. Nous avions déjà souligné cette tendance, remise au goût du jour notamment avec les différents épisodes de confinement de l’année 2020. Depuis le début de l’année, le dernier film du hongrois Kornél Mundruczó, Pieces of Woman, diffusé sur Netflix, a fait de l’engagement des sages-femmes le thème central d’une œuvre, saluée par les critiques du monde entier mais aussi par les femmes et les sages-femmes, qui reconnaissent leur questionnement du quotidien.

Magistralement interprété, ce film retrace l’histoire d’une mère, accouchant à son domicile avec l’aide d’une sage-femme. La mort du nourrisson impliquera un deuil difficile à vivre pour les parents, qui chercheront la coupable toute désignée à ce drame : la sage-femme. Plus qu’un simple film, la création de Kornél Mundruczó illustre la mobilisation d’innombrables familles hongroises, défendant la possibilité de faire appel à une sage-femme pour accoucher à domicile. Et si la société hongroise – les sages-femmes libérales de France pourront trouver des points communs avec la situation dans l’Hexagoneest pleinement mobilisée sur le sujet, c’est que le film s’appuie sur une histoire bien réelle, qui marqua le pays pendant plus de 10 ans.

Quand l’accouchement à domicile est plébiscité par les femmes elles-mêmes

Sage-femme engagée, Ágnes Geréb a été la pionnière dans le pays en ce qui concerne l’accouchement à domicile. Dans les années 1970, alors qu’elle était sage-femme à l’hôpital, Ágnes Geréb contribua à faire évoluer les pratiques et les habitudes, se battant notamment pour permettre la présence des pères lors de l’accouchement ou encore en luttant contre l’éloignement systématique du nouveau-né de sa mère, pratique encouragée alors dans les maternités hongroises. En tant que sage-femme libérale, elle s’activa alors pour proposer une alternative à ses parturientes en les accompagnant dans leur accouchement à domicile, pratique interdite dans le pays.

Forte de plus de 3.500 accouchements, Ágnes Geréb se vit néanmoins reprocher par les autorités sanitaires hongroises le décès de deux nouveaux nés en 2003 puis en 2007. Elle fut lors emprisonnée pendant 10 semaines en décembre 2010, déclenchant la mobilisation de toutes les familles, que la sage-femme avait accompagné au cours de ces années d’exercice. Ce terrible fait divers marqua la société hongroise, et les 10 ans de procédure furent suivis avec passion et ferveur par la population. Le 9 janvier 2018, la sage-femme était condamnée à 2 années de prison et à l’interdiction d’exercer sa profession de sage-femme et d’obstétricienne pendant une période de 10 ans. Devant le tollé provoqué par cette lourde condamnation, le président hongrois, János Áder, gracia la sage-femme qui n’a donc pas été emprisonnée à la suite de cette condamnation. C’est le combat de cette sage-femme d’avant-garde, qui est à l’origine de ce film poignant.

L’accouchement à domicile en France, une alternative portée par des sages-femmes engagées

Bien que la nature du combat ne soit pas du même ordre, les sages-femmes proposant d’accompagner leurs parturientes dans cette aventure sont toutes autant mobilisées et engagées. Accoucher à domicile n’est certes pas interdit par la loi en France, mais de nombreux obstacles entravent son développement, entraves contre lesquelles luttent ces sages-femmes libérales. Ces dernières ont ainsi pu recueillir plus de 11.000 signatures demandant à l’Etat de « reconnaître véritablement l’Accouchement Accompagné à Domicile (AAD) comme faisant partie de l’offre de soin périnatale française » mais aussi aux assureurs de proposer de véritables assurances RCP à des tarifs raisonnables et acceptables. Nul doute qu’avec ce film Pieces of Woman, les revendications de ces sages-femmes devraient bénéficier d’une audience renforcée.

Et vous, comment vous positionnez-vous par rapport à cette pétition lancée au sujet de l’accouchement accompagné à domicile (AAD) ? Estimez-vous que la législation soit appelée à évoluer sur ce sujet ? 

1 commentaire sur « Les sages-femmes sur grand écran pour une reconnaissance de leur engagement »

  1. J’aurais trop aimé accoucher à domicile. Mais en discutant avec l’échographe, il s’avère que c’est pas du tout au point en France. Dans les pays où c’est répandu, il y a un véhicule médicalisé en bas de chez toi au cas où les choses tournent mal, et le risque de responsabilité que la sage-femme qui accouche à domicile prend est disproportionné par rapport à son salaire. Donc j’ai accouché en salle nature à la maternité.

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