Une profession en crise, une situation gravissime… À quand une réaction ?

Mois après mois, semaine après semaine, les sages-femmes ne cessent d’alerter sur leurs conditions de travail. Les sages-femmes de Paris participent à cet appel à l’aide, et c’est toute une profession qui désespère de voir enfin une prise de conscience s’opérer.

A Paris comme partout en France, la profession de sage-femme en très grande difficulté

Alors que les sages-femmes libérales et hospitalières n’ont eu de cesse, depuis ces dernières semaines, d’alerte les hommes et femmes politiques sur la situation jugée « catastrophique » de leur profession, elles ne peuvent que déplorer qu’une véritable prise de conscience n’ait pas eu lieu. Après les débats initiés au cours de la dernière campagne présidentielle, les sages-femmes ne baissent pas les bras pour inverser la tendance, espérant bien sensibiliser les prochains élus en s’invitant dans les débats de l’actuelle campagne législative. C’est pour alarmer et faire prendre conscience, que les sages-femmes de Paris ont décidé de se faire entendre. Le conseil de l’ordre des sages-femmes de Paris, fort de 1300 professionnelles de santé (les effectifs les plus importants de France) a donc publié une tribune libre dans les colonnes du Monde sous la plume de sa présidente, Cécile Marest.

Alors que les débats autour de la santé publique se cristallisent ces derniers temps autour des déserts médicaux et des conséquences liées à cette désertification, les maïeuticiennes veulent bien faire comprendre que pour leur profession, le constat est encore plus alarmant car généralisé à l’ensemble du pays. En voulant attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation des sages-femmes libérales et hospitalières d’Ile de France, Mme Marest entend bien faire découvrir la réalité de toute une profession partout en France.

Bien au-delà de la crise des vocations et de la difficulté à recruter des sages-femmes !

Bien évidemment, Cécile Marest souligne le manque criant de professionnelles de santé sur tout le territoire de la région. Comme en 2021, mais aussi en 2020, un véritable appel d’urgence est lancé à quelques jours du début des vacances estivales. Les congés vont en effet aggraver lourdement une pénurie de sages-femmes, qui malheureusement est devenue « structurelle ». Est-il utile de revenir sur les raisons de ce constat accablant ?

  • Des conditions de travail, jugées indignes pour un pays comme la France. Ces conditions de travail dégradées sont dénoncées aussi bien en maternité que pour les sages-femmes libérales.
  • Un manque de considération pour la profession, qui n’est pas valorisée par les pouvoirs publics. Mme Marest s’interroge ainsi sur les raisons qui expliquent qu’une femme sur trois en France (31 %) ne connait pas les compétences des sages-femmes.
  • Une rémunération jugée incompatible avec le rôle des sages-femmes en France, encore plus depuis qu’une sixième année d’étude ait été décidée pour former les futures maïeuticiennes.

Les explications sont connues depuis longtemps, et les sages-femmes enragent de ne pas se faire entendre. Certes, des mesures ont déjà prises (Ségur de la Santé, …) ou sont sur le point de l’être  (Promesses et engagement de campagne électorale, …) mais elles ne sont pas jugées à la hauteur des défis qui se posent.

Être sage-femme libérale ou hospitalière en 2022, une vocation mise à mal ?

En appelant les candidats et candidates à la députation à s’engager pour 5 mesures urgentes à prendre pour la profession, Mme Marest espère bien faire bouger les lignes. Car si les effets des mesures déjà actées prendront quelques années à se faire sentir, elle insiste aussi sur une tendance, qui vient aggraver la pénurie de sages-femmes tant à Paris que partout ailleurs en France. Non seulement, la profession fait de moins en moins rêver et suscite alors de moins en moins de vocation, mais elle devient même un véritable repoussoir pour les sages-femmes libérales et hospitalières d’aujourd’hui.

« Les sages-femmes quittent la profession et se reconvertissent, du fait de conditions de travail de plus en plus dégradées qui ne leur permettent pas de réaliser les missions pour lesquelles elles se sont engagées, (…) »

C’es en cela, que la situation de la profession devient, à ses yeux, urgentissime. Sera-t-elle enfin entendue ?

Craignez-vous, vous-aussi, un nouvel été noir pour les sages-femmes en France ? Voyez-vous des signes d’optimisme à souligner dans cette réalité bien morose ?