Vers l’adoption d’un congés menstruel en France ?

Le sujet revient au centre des débats régulièrement : comment répondre aux femmes si nombreuses souffrant de règles douloureuses. Une proposition de loi devrait être adoptée d’ici la fin de l’année et enfin reconnaitre ce sujet qui reste aujourd’hui encore tabou.

Les règles douloureuses, un sujet de société et pourtant encore si tabou

Depuis quelques semaines, deux propositions de loi ont été déposées devant la représentation nationale concernant un sujet concernant toutes les femmes et pourtant encore très tabou aujourd’hui : Les règles. A cette occasion, l’Institut de sondage IFOP a réalisé une enquête qui souligne que près d’une femme sur deux souffre de ces règles douloureuses (dysménorrhée). Une sur 5 (20 %) affirme même connaître des règles très douloureuses. Si les sages-femmes et autres professionnels de santé sont pleinement conscients de cette réalité, force est de constater que la société dans son ensemble a tendance à négliger voire à railler ces douleurs. Ainsi ce même sondage nous apprend que 46 % des femmes ont déjà ressenti cette ignorance ou cette non-reconnaissance ce par leurs amis masculins. Plus grave encore, pour 68 % des femmes, ce sujet des règles reste tabou entreprise et cela peut poser problème (Près de deux femmes salariées sur 3 (65 %) confirment avoir été confrontées à des difficultés directement liées à leurs règles). En Octobre 2022, un autre sondage IFOP confortait cette triste réalité puisque « 44 % des femmes ont déjà manqué le travail ou connaissent une personne qui a manqué le travail en raison des menstruations. »

C’est donc en s’appuyant sur ce constat du quotidien des femmes, qu’une proposition de loi a été déposée. Elle ambitionne de créer un congés menstruel (un ou deux jours par mois) qui ne doit souffrir d’aucune carence et donc d’une prise en charge directe et totale (100 %).

Vers un congé menstruel : quelles conséquences pour les sages-femmes ?

Bien évidemment la grande majorité des femmes (66 %) se déclarent favorables à l’instauration d’un tel congés. C’est donc la troisième proposition de loi, déposée par les députés écologistes, qui a été étudiée par les députés au cours du mois de mai dernier. Le député écologiste de la Dordogne, Sébastien Peytavie défend cette proposition de loi comme une mesure de justice : « Les femmes qui ont des règles incapacitantes restent chez elles quand elles sont pliées de douleurs et elles ont une pénalité financière ». La proposition de loi doit donc permettre à une femme de consulter un médecin généraliste ou une sage-femme, afin que cette dernière puisse lui établir un arrêt maladie de 13 jours. La patiente pourra alors, sur le site d’Ameli, générer un arrêt de travail sans indication du motif et pour la durée souhaitée (un ou plusieurs jours par mois).

Si cette proposition de loi devrait être débattue avant la fin de l’année, de nombreux professionnels de santé, dont des sages-femmes, soutiennent les députés écologistes, quand ces derniers appellent à dépasser les blocages et à un soutien officiel du gouvernement.  La première Ministre, Elisabeth Borne, a déjà déclaré réfléchir aux moyens de soutenir les entreprises, accordant déjà un congés menstruel à leurs collaboratrices. Dans tous les cas, quel que soit l’avenir de cette proposition de loi, les sages-femmes libérales ou hospitalières comme les médecins et autres professionnels de santé seront pleinement mobilisés pour répondre à ces nouvelles dispositions. Il ne reste donc plus qu’à savoir si cet appel à l’union sera entendu de tous.

Estimez-vous que le congés menstruel sera adopté avant la fin de l’année ? Estimez-vous que sa mise en œuvre soit aisée ?